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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 2
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0120

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

italiens de M. Paul-Emile Blanc. Cet artiste peu connu, et qui habite
Naples, a des qualités de dessinateur nullement ordinaires, lia fréquenté
les pauvres de la Napolitaine et les gueux qui vont au soleil ; il sait de
quelles loques ils s’habillent, comment ils vous tendent la main et de
quel œil ils vous regardent. Ses tableaux ne sont ni séduisants d’aspect
ni d’une facture intéressante, mais examinez à loisir ses études de vaga-
bonds, crayonnées ou gravées, aux lignes volontaires, nettes, hardies,
sincères. Les misérables ont en lui quelqu’un qui les comprend.

Il serait superflu de qualifier longuement à cette place le dessin d’il-
lustration. Une époque qui a besoin d’extérioriser toutes ses pensées, qui
a soif de tout savoir, de tout voir et de tout sentir, devait, par la force
des choses, tirer un immense parti de l’illustration des livres. Ce qui
n’était, il y a cent ans, qu’une aimable superfétation, est pour nous
presque une nécessité. Nous avons une grande foule d’illustrateurs de
profession, dont quelques-uns sont des artistes vraiment distingués; mais
voilà que, peu à peu, nos peintres en renom se prennent de goût pour
ce genre de production et, selon leurs aptitudes, crayonnent assez volon-
tiers quelques images à glisser dans un roman ou dans un journal illustré.
On a des illustrations de M. Bastien-Lepage, de M. Gervex, de M. Dan-
tan, de M. Détaillé, de M. Dagnan-Bouveret, de M. Bibot, de M. Ben-
jamin Constant, de M. Jean-Paul Laurens... Les dessinateurs qui se sont
le plus honorés, depuis dix ou douze ans, — en dehors de M. Daniel
Vierge, qu’une cruelle maladie a prématurément arraché à son art, avant
même qu’il ait pu achever son chef-d’œuvre, l’édition de Bon Pablo de
Ségovie, — sont MM. Lançon, à qui nous devons de surprenantes séries
d’eaux-fortes et de croquis sur la guerre de 1870, sur la campagne des
Balkans entre les Turcs et les Serbes, sur Londres et la vie populaire an-
glaise et sur la vie des bêtes fauves ; M. Renouard, qui étudie et dessine
avec une fidélité originale et d’un crayon mordant tous les dessous de
Paris, depuis les coulisses de l’Opéra jusqu’aux cellules des prisons, et
qui a exposé, cette année, une très véridique Messe à Mazas, et M. Geor-
ges Jeanniot, qui est en voie de prendre une des meilleures places parmi
les peintres militaires et qui a publié jusqu’ici d’innombrables dessins
d’actualité, retraçant au jour le jour, d’une extrême vivacité de main,
les changeantes physionomies du monstre parisien. Dieu sait, au surplus,
tout ce qui se publie et s’éclaire de vignettes, de gravures ou de dessins
reproduits en fac-similé ! Les nouveaux procédés de reproduction typo-
graphique ont assuré à l’illustration une importance considérable, en lui
procurant du même coup la possibilité de se maintenir à une certaine
hauteur d’art. Constatons, à ce sujet, que le perfectionnement toujours
 
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