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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 2
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Lostalot, Alfred de: M. Félix Bracquemond, peintre-graveur, [3]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0172

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Belèze ; si, comme il est probable, on l’a maintenu à la hauteur de
la science, les familles doivent y lire que les choses ont bien changé
depuis trente ans. Aujourd’hui, il n’est même pas besoin d’avoir du talent
pour exercer fructueusement la profession d’artiste ; c’est la plus lucrative
et la plus honorée des carrières libérales; fortune et honneurs s’abattent
sur qui la pratique avec adresse, au sortir même de l’école, à l’âge où le
commun des mortels, hommes de science, littérateurs ou avocats, en est
encore à se demander si l’étude porte des fruits et quand vient le moment
de la cueillette.

M. Bracquemond est contemporain de la première édition du diction-
naire de M. Belèze ; il n’a pas eu besoin de le feuilleter pour être
promptement renseigné sur les ressources que pouvait offrir la carrière
de graveur ; elles étaient nulles, absolument nulles, à l’époque où il fit
emplette de son premier cuivre. L’heure de l’eau-forte n’était pas en-
core sonnée, et il devait se passer quinze ans au moins avant que cette
aimable façon de graver reprît faveur auprès du public et des éditeurs.
Peut-être nous est-il permis de rappeler en passant que la Gazette des
Beaux-Arts a contribué pour beaucoup à la renaissance d’un art dont
tout le monde s’est engoué aujourd’hui, et que l’on pratique jusqu’à
l’abus. Toujours est-il que M. Bracquemond a dû traverser la période
d’initiation, et ce n’a pas été sans lui imposer de durs sacrifices. Cette
lutte de tous les jours, il l’a soutenue côte à côte avec d’autres, vail-
lants comme lui, et le triomphe final est leur récompense à tous. Nous
avons plus que personne le droit et le devoir de les en féliciter ; la
Gazette doit en grande partie son succès à leur collaboration ; nous
acquittons une dette de reconnaissance en rappelant que Léopold Fla-
meng, Jules Jacquemart, Gaillard et Bracquemond furent pour elle les
amis et les ouvriers de la première heure.

En attendant de pouvoir se consacrer tout entier à l’art, M. Bracque-
mond fit courageusement divers métiers ; nous l’avons vu lithographe,
nous le retrouvons peintre décorateur quelques années plus tard. Il ne
s’agit pas ici de l’art des Baudry et des Galland, mais de travaux de pein-
ture purement industriels ; on peut y montrer du talent, de l’habileté de
main, il est formellement interdit d’avoir de l’imagination. Le métier,
avec tous ses rouages traditionnels, ne se prête guère aux innovations :
pour changer d’idéal, il faudrait renouveler l’outillage, et l’on comprend
que les patrons fassent la sourde oreille quand on leur parle d’introduire
chez eux d’aussi coûteuses fantaisies. M. Bracquemond ne fut pas com-
pris et ne voulut pas comprendre ; le patron et lui ne firent pas long-
temps bon ménage. Il y eut là de durs moments à passer pour le jeune
 
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