LA DINANDERIE.
163
« Coivre (cuivre) de Dinant », ou, comme le rapporte le Dict des Pays
(xvie siècle) : « Les chauldronniers sont en Dioant. »
La chaudronnerie historiée ayant prospéré dans cette ville, où naquit
le batteur Lambert Fatras, lequel exécuta en 1112 les célèbres fonts
baptismaux de l’église Saint-Barthélemy, elle ne tarda pas à se répandre
à l’étranger. « De la Meuse, nous apprend encore M. de Linas, la dinan-
derie gagna les provinces belges et le Rhin; je crois l’avoir reconnue en
Angleterre au xive siècle ; au xvr, il y eut à Avignon une corporation de
lothones (ouvriers en laiton). L’Inventaire du Trésor métropolitain d’Avi-
gnon, mai 1511, mentionne effectivement « Unum bassinum delothono...
in quo sunt arma confrariæ lothonorum ».
Les belles pièces de dinanderie du moyen âge sont fort rares et attei-
gnent des prix élevés. Une bouilloire à eau du xne siècle en cuivre jaune,
formée d’un lion debout, dont l’anse ou poignée, en forme de lézard, re-
liait la partie postérieure de la tête à la croupe de l’animal, a été acquise
au prix de 710 fr., en novembre 1877, par M. Georges Bal, à la vente de
la remarquable collection de feu M. Meyers. Mais c’est au Trocadéro, en
1878, à l’exposition de l’art ancien, que les amateurs ont été à même
d’apprécier à leur valeur les grandes œuvres de la dinanderie à cette
époque. Parmi les magnifiques orfèvreries de cuivre, c’est le mot, exposées
par la commission belge, on remarquait surtout, comme spécimen du
xii8 siècle, un encensoir de cuivre en forme d’église romane, orné d’ajours
et d’imbrications gravées, appartenant à M. Jules Frésart, et une croix
d’autel avec le Christ, aux pieds duquel se trouve le Dragon. Ce dernier
ouvrage faisait partie de la collection de M. Lupus, chanoine de la cathé-
drale de Liège.
Les Dinants, potiers d'arain, travaillaient grossièrement au repoussé ;
mais, remarque M. de Laborde1, leur hâtive inhabileté empruntait à
l’atmosphère de goûts distingués et de noble style qu’on respirait partout,
au xme siècle, quelque chose de sa grandeur et de son charme. C’est
ainsi qu’il nous reste des œuvres d’art qui n’étaient que des chaudrons,
et que les dinandiers sont classés parmi les potiers d’étain artistique
et les orfèvres. Tels sont Ickan, d’outre-Meuse, et le Français Etienne de
La Mare, qui florissaient en 1385.
Parmi les dinanderies remarquables du xme siècle, nous citerons un
Christ de croix d’autel (la croix est perdue) en cuivre repoussé, appar-
tenant à M. Wilmotte, orfèvre à Liège, ainsi que deux mesures de jau-
geage, en laiton, conservées au Musée archéologique de la ville de Gand,
1. Glossaire français du, Moyen âge, Dinanderie.
163
« Coivre (cuivre) de Dinant », ou, comme le rapporte le Dict des Pays
(xvie siècle) : « Les chauldronniers sont en Dioant. »
La chaudronnerie historiée ayant prospéré dans cette ville, où naquit
le batteur Lambert Fatras, lequel exécuta en 1112 les célèbres fonts
baptismaux de l’église Saint-Barthélemy, elle ne tarda pas à se répandre
à l’étranger. « De la Meuse, nous apprend encore M. de Linas, la dinan-
derie gagna les provinces belges et le Rhin; je crois l’avoir reconnue en
Angleterre au xive siècle ; au xvr, il y eut à Avignon une corporation de
lothones (ouvriers en laiton). L’Inventaire du Trésor métropolitain d’Avi-
gnon, mai 1511, mentionne effectivement « Unum bassinum delothono...
in quo sunt arma confrariæ lothonorum ».
Les belles pièces de dinanderie du moyen âge sont fort rares et attei-
gnent des prix élevés. Une bouilloire à eau du xne siècle en cuivre jaune,
formée d’un lion debout, dont l’anse ou poignée, en forme de lézard, re-
liait la partie postérieure de la tête à la croupe de l’animal, a été acquise
au prix de 710 fr., en novembre 1877, par M. Georges Bal, à la vente de
la remarquable collection de feu M. Meyers. Mais c’est au Trocadéro, en
1878, à l’exposition de l’art ancien, que les amateurs ont été à même
d’apprécier à leur valeur les grandes œuvres de la dinanderie à cette
époque. Parmi les magnifiques orfèvreries de cuivre, c’est le mot, exposées
par la commission belge, on remarquait surtout, comme spécimen du
xii8 siècle, un encensoir de cuivre en forme d’église romane, orné d’ajours
et d’imbrications gravées, appartenant à M. Jules Frésart, et une croix
d’autel avec le Christ, aux pieds duquel se trouve le Dragon. Ce dernier
ouvrage faisait partie de la collection de M. Lupus, chanoine de la cathé-
drale de Liège.
Les Dinants, potiers d'arain, travaillaient grossièrement au repoussé ;
mais, remarque M. de Laborde1, leur hâtive inhabileté empruntait à
l’atmosphère de goûts distingués et de noble style qu’on respirait partout,
au xme siècle, quelque chose de sa grandeur et de son charme. C’est
ainsi qu’il nous reste des œuvres d’art qui n’étaient que des chaudrons,
et que les dinandiers sont classés parmi les potiers d’étain artistique
et les orfèvres. Tels sont Ickan, d’outre-Meuse, et le Français Etienne de
La Mare, qui florissaient en 1385.
Parmi les dinanderies remarquables du xme siècle, nous citerons un
Christ de croix d’autel (la croix est perdue) en cuivre repoussé, appar-
tenant à M. Wilmotte, orfèvre à Liège, ainsi que deux mesures de jau-
geage, en laiton, conservées au Musée archéologique de la ville de Gand,
1. Glossaire français du, Moyen âge, Dinanderie.