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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 2
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Müntz, Eugène: La tapisserie en Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0193

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LA TAPISSERIE EN ANGLETERRE.

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sérieuse. William Sheldon mit à la disposition du tapissier Robert Kicks son manoir
de Burcheston, dans le Warwickshire, et lui fit exécuter sur une grande échelle les
cartes des comtés d’Oxford, de Worcester, de Warwick et de Gloucester1. Trois de
ces cartes figurent encore parmi les curiosités du musée de la Société philosophique
d’York2. Dans son testament, daté de 1570, Sheldon appelle Kicks l’introducteur, dans
le royaume, de l’art de la tapisserie : « The only auter and beginner of tapestry and
arras within this realm3 ».

De temps en temps aussi des tapissiers flamands cherchaient fortune en Angleterre.
En 1567-1568, à la suite des persécutions du duc d’Albe, des colonies plus ou moins
considérables s’établirent à Canterbury, à Norwich, à Sandwich, à Colchester, à Maid-
stone. Plus tard, nous trouvons dans les Iles britanniques un certain Planck, que les
autorités de Bruges déclarèrent, en 1621, «être parti vers ledit royaulme, il y a
quinze ans ou environ », et Jacques Lyms, de la même ville, parti « il y a huit ans4 »,
ou encore de Maegt, de Middelbourg, fixé en Angleterre, de 1617 à 1621 5.

Le Rév. Rock 6 est disposé à considérer comme un ouvrage anglais la fameuse
suite aujourd’hui conservée à Aix, en Provence, les Scènes de la vie du Christ. Cette
tenture, donnée en 1595 à la cathédrale de Canterbury, aurait été, d’après lui, tissée
en Angleterre. Mais la date inscrite sur une pièce (1511) et le style de l’ensemble (les
cartons ont probablement pour auteur Quentin Metsys) contredisent absolument cette
manière de voir7.

Il est souvent question, à cette époque, d’imitations de tapisseries : « counterfatt
arras8 ». Étaient-ce là des toiles peintes ou un genre particulier de broderie? J’avoue
ne pas être en mesure de trancher le problème.

Élisabeth ne semble pas avoir fait d’efforts particuliers pour développer dans ses
États une industrie d’art dont l’importance économique avait depuis longtemps frappé
tant de souverains étrangers, les rois de France, les ducs de Toscane, de Ferrare et de
Mantoue, les ducs de Bavière. Mais son règne est du moins signalé par l’exécution
d’une tenture rappelant l’événement capital de la fin du xvie siècle, la Destruction de
V Armada.

Cette suite considérable, véritable page d’histoire, fut commandée par l’amiral Ho-
ward au peintre H. Cornelis de Yroom, d’Harlem, et au tapissier François Spierinck.
Plus préoccupé de l’exactitude historique que des exigences de la décoration, l’amiral
vfit représenter la flotte espagnole luttant contre la fureur des flots ou contre l’ennemi
acharné à sa poursuite : la structure des vaisseaux, leur nombre, leur rang de bataille,
tout témoigne des plus scrupuleux efforts. Mais l’élément humain, qui plus que tout
autre donne à une composition de la vie et de l’intérêt, n’est-il pas trop complètement
sacrifié à ces énormes machines de guerre qui ne montrent aux spectateurs que leurs
flancs garnis de canons? Exclue, ou à peu près, de la scène principale, la figure
humaine reparaît dans la bordure; on l’a ornée des portraits en médaillon des prin-

1. Walpole, Anecdotes of painting, édit. Wornum, t. Ier, p. 235.

2. Boyer do Sainte-Suzanne, Notes d’un curieux sur les tapisseries tissées de haute ou basse lisse; Paris,
1876, p. 51. L’auteur, malheureusement, n’indique jamais les sources auxquelles il puise.

3. Dudgale, The antiquities of Warwickshire, 2<° édit., 1730.

4. Van de Graft, p. 98, 99.

5. Article de M. Pinchart dans The Chronicle, de Londres, 1« février 1868, p. 110.

6. Textiles fabrics, p. cxii.

7. Michiels, l’Art flamand dans l’Est et le Midi de la France; Paris, 1877, p. 491 et suiv.

8. Rock, p. cxiv, document de 1503. — First report of tlie royal commission on historical manuscripts
p. 76.
 
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