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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 2
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Garnier, Édouard: La manufacture de Sèvres et sa neuvelle porcelaine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0200

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LA MANUFACTURE DE SÈVRES

ET SA NOUVELLE PORCELAINE

I.

a manufacture de Sevres, et ce n’est pas là un des côtés les moins
intéressants de son histoire, eut, à plusieurs reprises, le privilège
d’exciter bien des convoitises, de faire naître bien des jalousies
et de susciter môme des animosités que rien ne justifiait. Vingt
fois son existence a été menacée, et si elle a
résisté, ce n’est certes pas la faute de ceux qui,
dans les circonstances critiques qu’elle eut à
traverser, s’offraient à lui porter secours. Les
uns, poussés par un intérêt personnel habile-
ment dissimulé, ont voulu la faire mettre en régie, es-
pérant profiter pendant quelques années de l’immense
réputation que ses produits avaient acquise dans le
monde entier ; les autres, consciemment ou sans s’en rendre un compte
exact, proposaient dans son administration ou dans sa réorganisation
des modifications telles que leur résultat le plus clair eût été de la tuer
tout à fait ; d’autres enfin, beaucoup plus francs, ne demandaient pas
moins que sa suppression radicale.

A la rigueur, cette sorte d’animosité eût été excusable à l’époque où la manufac-
ture, protégée par des privilèges exorbitants et fermée à tous, créait au commerce une
concurrence redoutable ; où, par un singulier abus de pouvoir, des arrêtés — presque
toujours éludés, du reste — lui réservaient le droit exclusif de dorer les porcelaines
et d’employer dans leur ornementation une décoration polychrome ; et cependant, il
faut bien reconnaître que c’est à ce système éminemment protecteur que la vieille
manufacture, à ses débuts, est redevable de l’immense supériorité qu’elle atteignit si
rapidement, supériorité qui devait bientôt rejaillir sur toute la porcelaine française.

Aussi ses détracteurs trouvèrent-ils peu d’écho lorsque, au moment où craquait
de toutes parts le vieil édifice de la monarchie, ils proposèrent, ainsi que le fit Marat,
dans Y Ami du peuple (17 août 1790), de supprimer les manufactures royales de Sèvres
et des Gobelins, « dont la première coûte au public plus de 200,000 francs annuel-
lement pour quelques services de porcelaine dont le roi fait des présents aux ambas-
 
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