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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 2
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Garnier, Édouard: La manufacture de Sèvres et sa neuvelle porcelaine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0203

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LA NOUVELLE PORCELAINE DE SÈVRES.

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xvie siècle, ne donna aucun résultat, au moins au point de vue pratique, et la vieille
Europe dut renoncer à poursuivre la fabrication d’une poterie dont la matière lui était
inconnue. On se borna, d’une part, à faire venir autant de porcelaines chinoises qu’il
fut possible de s’en procurer ; d’autre part,
à imiter sur la faïence des décorations qui
charmaient par leur étrangeté et par leur
nouveauté.

A la fin du xvne siècle cependant, on
vit apparaître en France une porcelaine
dont les origines sont encore enveloppées
d’ombres assez épaisses, mais dont l’in-
vention, selon toute probabilité, est due à
Poterat, de Rouen, et, peu d’années après,
le hasard fit découvrir en Allemagne une
terre qui paraissait être semblable à celle
qui entrait dans la composition des por-
celaines chinoises, et qui, en effet, était la
même. La porcelaine européenne était
créée.

Des deux côtés la fabrication prit un
rapide essor : en France, à Saint-Cloud,
à Lille, à Chantilly; en Allemagne, à Meis-
sen, puis à Vienne, à Hôscht, etc. Niais les
fabriques françaises, abandonnées à leurs
seules forces ou patronnées d’une façon
inefficace, ne pouvaient lutter contre les
manufactures allemandes, surtout contre
celle de Meissen, qui jouissait d’immenses
privilèges et dont les porcelaines inon-
daient les marchés européens. C’est alors
que pour empêcher cet envahissement si
si préjudiciable à l’industrie française,

Louis XV et ses ministres encouragèrent par tous les moyens possibles, au prix de
sacrifices d’argent considérables et à l’aide de privilèges qui peuvent nous paraître
excessifs aujourd’hui, mais qui étaient alors commandés par les circonstances, l’établis-
sement d’une manufacture à la tête de laquelle furent placés les savants et les artistes
les plus éminents, et dont les produits ne tardèrent pas à acquérir une réputation telle
que la France n’eut plus aucune concurrence sérieuse à redouter.

Ce rapide succès était mérité. La porcelaine de la nouvelle manufacture, celle que
nous appelons aujourd’hui 'porcelaine tendre et qui avait alors reçu partout, comme
un hommage rendu à sa supériorité incontestable, le nom de porcelaine de France,
justifiait bien l’engouement qu’elle excitait dans toute l’Europe, non pas seulement par
son mérite au point de vue artistique, par la délicatesse et l’élégance de ses formes
ou la perfection de sa décoration, mais aussi, et surtout, parla beauté de sa pâte et la
limpidité de la glaçure qui la recouvrait. Sous ce rapport, aucune autre porcelaine ne
pouvait lui être comparée; aucune glaçure n’était plus propre que la sienne à recevoir
les couleurs qui prenaient, en se fondant dans l’émail avec lequel elles faisaient corps
xxx. — 2e période. 24

VASE POTICHE, PAR M. HENRI LAMBERT.

(Décoration en émaux polychromes.)
 
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