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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Exposition rétrospective de Rouen
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0224

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206

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

nille-NicoIe Bazire1. Les braves gens et le brave peintre ! Il ne s’agit pas
de simples portraits. C’est une scène intime dont Collé lui-même s’est plu
à préciser le sens dans une note attachée au revers du cadre. Le poète
vient de lire à sa femme un fragment de comédie, et l’ingénieuse Pétro-
nille lui soumet, en les enveloppant d’un sourire, des observations « dont
l’auteur paraît frappé. » Le commentaire n’est pas inutile ; il y a cepen-
dant beaucoup d’expression dans les têtes et beaucoup de douceur.
L’exécution, fine et patiemment poussée, est celle d’un miniaturiste. Et
comme Peters n’est pas illustre, je rappellerai, pour ceux qui font état
des oubliés et des dédaignés, qu’il prenait le titre de peintre du roi de
Danemark. Reçu maître à Paris en 1756, il exposa, en 1762, à l’Académie
de Saint-Luc; mais il avait des velléités insurrectionnelles, et c’est lui qui,
en 1776, organisa, avec Marcenay, l’exposition du Colisée. Il était connu
comme amateur de tableaux. Nous avons encore de ses nouvelles en 1780,
car c’est alors qu’jl peignit pour Saint-Nicolas-du-Chardonnet son Bap-
tême cle Jésus-Christ. Ses sanguines, précieusement finies, ne sont pas
introuvables; mais il nous semble que son chef-d’œuvre, c’est l’aqua-
relle de Rouen, l’aimable scène de ménage où Mme Collé propose genti-
ment à son mari un changement dans l’intrigue ou une correction de
style. 11 y a là — et la chose est rare pour l’époque — un charme intime
et pénétrant.

Ce ne sont pas seulement la sculpture et la peinture qui ont fourni à
l’exposition rouennaise des morceaux véritablement précieux. Les autres
arts, ceux qu’on appelle aujourd’hui les arts décoratifs, bien que le mot
eût étrangement surpris nos pères, ont été invités à la fête et ils y font
merveille. Le premier des arts du métal, l’orfèvrerie, s’y montre par-
ticulièrement instructif.

Nous revoyons d’abord le beau calice de M. Stein, que les érudits
datent du xne siècle et auquel ils attribuent une origine espagnole.
Leur conviction sur ce point est tirée à la fois du caractère de l’œuvre et
de l’inscription qui la décore : Pelagivs abbas me fecit ad iionorem sti
Iacobi apti. Le nom de l’abbé, celui de saint Jacques, évoquent en effet,
comme Davillier l’a écrit, des souvenirs familiers à l’Espagne. Nous
n’avons pas à décrire ce calice qui, ayant été exposé au Trocadéro en
1878, est aujourd’hui comme un des classiques de la curiosité2. La forme

t. Gazette, 2e période, t. XVIII, p. 880. Cette aquarelle appartient aujourd’hui à
M. Bance.

2. Voir, pour le commentaire et pour la gravure, les Recherches sur Vorfèvrerie
en Espagne, par le baron Davillier, et la Gazette des Beaux-Arts, 2° période,
t. XVIII, p. 543.
 
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