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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Exposition rétrospective de Rouen
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0232

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212

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tant de beaux travaux de ferronnerie et de serrurerie. Les ouvriers du
fer ont suivi les changements de l’idéal, mais à distance et avec un léger
retard : de là un certain malaise pour le chronologiste passionné qui vou-
drait attribuer à leurs œuvres une date précise. Un exemple : M. Le Secq
des Tournelles expose un masque de satyre travaillé au marteau dans
un goût vraiment décoratif et avec la plus belle certitude d’outil. Pour le
style, ce mascaron, d’une vitalité épanouie, fait songer à ceux qu’on voit
grimacer ou sourire aux arcatures des maisons de la place Vendôme.
Mais il est possible que ce masque soit de 1720 à 1725 : bien quelle soit
de fer, l’œuvre peut se comparer aux beaux bronzes dont Cressent, ébé-
niste du Régent, décorait ses meubles luxueux.

Le petit modèle de balcon exposé par M. Eudel date du règne de
Louis XV. C’est un grillage au ventre saillant et d’une charmante décou-
pure. Ici le métal est anobli par la beauté spirituelle du travail. Il faut y
voir sans doute un de ces chefs-d’œuvre que faisaient les serruriers pour
obtenir le brevet de maîtrise. Gageons que l’auteur du petit balcon de
M. Eudel est entré dans la communauté avec tous les honneurs de la
guerre.

Des serrures et des clefs appartenant, les unes à M. Le Secq des Tour-
nelles, les autres à M. Locquet Pinchon, complètent l’exposition des tra-
vaux du fer et de l’acier. Il y a là des clefs de la renaissance d’un goût
superbe, mais qui, placées dans la poche d’un humble mortel, devaient
peser d’un poids bien lourd. J’imagine que la garde de ces monuments
d’une serrurerie architecturale était confiée à de robustes valets.
Le xvme siècle, épris des choses légères, a mieux connu la clef portative
et de tous les soirs. On revoit à Rouen celle qu’on avait remarquée à la
vente de M. Joseph Eau (n° 257). Elle est en acier ciselé damasquiné d’or.
La tète, découpée à jour, renferme les lettres J. G. réunies en mono-
gramme et entourées de fleurs. Cette clef, du plus pur style Louis XVI,
est un véritable bijou.

11 y a enfin, au palais des Consuls, d’intéressants travaux de dinande-
rie. Nos aïeux avaient la religion du foyer; ils voulaient qu’il fût décoré
somptueusement, et le plus humble ustensile devenait pour eux le pré-
texte d’une silhouette ou l’enveloppe d’un caprice. Parfois, ils ne recu-
laient pas devant la singularité. Des monstres de cuivre, des griffons, des
oiseaux chimériques se chauffaient au pied des landiers et maintenaient
bouillante l’eau dont la ménagère pouvait avoir besoin. On a lait des
coquemars symboliques, des récipients qui éveillaient une pensée ou
contaient des fables. La légende chère au moyen âge, le « Lai d’Aris-
tote », a inspiré l'auteur d’un groupe exposé par M. Chabrières-Arlès,
 
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