Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Yriarte, Charles: Les portraits de Lucrèce Borgia, [1]: à propos d'un portrait récemment découvert
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0237

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LES PORTRAITS DE LUCRÈCE BORGIA.

217

phini (le nom d’un autre artiste), mais on persiste encore à ranger le mé-
dailleur parmi les anonymes et à voir là l’œuvre de deux mains très diffé-
rentes l’une de l’autre. En effet, dans le relief excessif de la première et
dans le parti pris de bas-relief de la seconde, il y a la marque évidente
de deux tempéraments très distincts.

De ces deux médailles, l’une peut être regardée comme la médaille
héroïque, malgré la réalité dont le visage est empreint et malgré l’ex-
traordinaire relief du bronze; l’autre est bien un portrait, un peu pâle,
effacé, mais cependant plus réel que le premier, parce qu’il nous donne
une Lucrèce dans le costume du temps, avec des lignes fixes, des points
de comparaison, la forme d’un vêtement, d’un bijou, des détails de mode
précis, qui fixent une date et une région; bien des particularités enfin,
auxquelles nous pouvons nous attacher lorsqu’il s’agit de comparer des
monuments.

PORTRAIT PEINT CHEZ MS1' ANTONELLI, A FERRARE.

De l’avis même du directeur du cabinet de numismatique deFerrare,
qui, par l’intermédiaire de l’honorable syndic de la ville, a bien voulu nous
en communiquer la photographie; le portrait cité par Grégorovius serait
une copie faite au xvp siècle. On le conservait de temps immémorial dans
la famille Bucci de Ferrare, et il est échu en don à Msr Antonelli en 1850.

Une inscription dans la partie supérieure : lvchrecia. borgia. md. ap. r.
indiquerait que le portrait a été exécuté à Rome en avril, l’année 1500.
Lucrèce avait donc vingt ans (elle naît le 18 avril 1A80); la duchesse
n’est pas encore la femme d’Alphonse d’Este, elle ne l’épousera qu’une
année plus tard.

Si on veut comparer ce portrait aux médailles, et surtout à celle à
la résille, on retrouvera la même coiffure, la même tête ronde, la même
mèche, qui pend, inerte, le long des joues; le même cercle retenant le
même filet constellé de pierres; les mêmes divisions du corsage, laissant
voir la chemisette des Flandres. Le nez est rond, comme toute la physio-
nomie, le menton est fuyant; ce sont là les traits caractéristiques du
masque et de la médaille.

Je crois que Grégorovius a été sévère pour cette représentation; mais,
comme il s’est trouvé en face d’une copie et non pas d’un original savant,
fort de dessin, comme les belles œuvres de 1500, tout en constatant la
ressemblance avec les médailles, il a dit sans doute ; testis unus, testes
nullus : Et il a passé outre.

XXX. — 2e PÉRIODE.

28
 
Annotationen