Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Courajod, Louis: La part de l'art italien, 2: dans quelques monuments de sculpture de la première Renaissance française
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0282

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
260

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le sarcophage sur lequel elles reposaient à la fin de l’ancien régime1 avait
été oublié à l’École des Beaux-Arts. Sans s’occuper de sa provenance,
Duban s’en était servi pour décorer la cour de l’École. Le marquis de
Laborde reconnut le fragment précédemment négligé, le réclama2, l’ob-
tint, et l’installa au Louvre 3 dans une des salles de la Renaissance. Le
sort de la figure de Jeanne de Penthièvre avait été difiérent. Portée à
Saint-Denis après 1816 elle y resta méprisée, ou tout au moins non
exposée jusqu’en 1845. A cette date, le 6 septembre, elle fut donnée à
Louis-Philippe pour le Musée de Versailles par le ministre des travaux
publics. La révolution de 1848 ne lui laissa pas le temps de se fixer dans
le Musée historique. D’ailleurs, le marquis de Laborde guettait déjà l’oc-
casion de la faire revenir à Paris. Elle y revint en effet, et le baron de
Guilhermy y constata sa présence en 1852. Malheureusement, l’éminent
fondateur de nos collections de sculpture moderne quitta, découragé,
le Louvre, sans avoir assigné une place et une étiquette à la figure de
Jeanne de Penthièvre; et l’odyssée de cette pauvre épave n’est pas encore
terminée. La fille de Commynes, qui, paraît-il, ne s’était fait reconnaître
que de Léon de Laborde et de Ferdinand de Guilhnrmy, fut écartée comme
une étrangère du tombeau de sa famille et finit, de chute en chute, non
seulement par quitter le Louvre, puis Pile des Cygnes, mais encore par
être expulsée du musée de Versailles, et par aller s’échouer à la ferme de
la petite Venise, où je l’ai retrouvée l’année dernière moisie et dédai-
gnée4. Ce n’est pas la première fois que je montre combien ïincognito
est périlleux, même pour les monuments les plus célèbres et les plus
vantés.

Le baron de Guilhermy a consacré au tombeau et à la chapelle de
Commynes trois études intéressantes dans la Revue générale de l'archi-

4. Les plus anciennes éditions de Corrozet signalent « le tombeau de marbre et
d’albâtre » de Jeanne de Commynes et parlent seulement des effigies de Commynes et
de sa femme «à genoux et au naturel. » Ces deux figures sont en pierre.

2. Gazette des Beaux-Arts, octobre 4 882, et Un fragment du tombeau de l’ami-
ral Chabot, à l’École des Beaux-Arts, p. 4 5.

3. Paris, le 4 8 décembre 4 854 . — Monsieur le directeur général, je vous prie de
m’autoriser à employer un ornemaniste, dont M. Debay connaît l’aptitude, pour ter-
miner en retour du sarcophage de Commines des ornemens laissés inachevés alors que
le monument était enfoncé dans une niche. Il s’agit de répéter les ornemens de la face
principale, et|ce travail ne dépassera pas une dépense de plus de 4 00 à 4 20 francs.
Agréez, etc. Léon de Laborde.

4. Chronique des arts, 4 883, p. 96. Au moment où ces lignes paraîtront, la figure
de Jeanne sera revenue au Louvre. Un moulage sera exécuté pour le musée de Ver-
sailles.
 
Annotationen