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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 4
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Ephrussi, Charles: La mosaïque de l'abside du Panthéon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0385

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LA MOSAÏQUE DE L’ABSIDE DU PANTHÉON.

de ceux qui triomphent des préjugés de parti, et forcent les admirations
rebelles. Quant à nous, nous ne pouvons mieux faire que de placer sous
les yeux de nos lecteurs un précieux extrait du travail d’ensemble que
M. de Chennevières publie sur la décoration du Panthéon. Le cha-
pitre, encore inédit, dont nous donnons les principaux passages est un
historique complet, non seulement de l’œuvre nouvelle, mais encore de
tout ce qui se rattache à son entier achèvement. M. de Chennevières a
d’autant plus qualité pour nous parler de ces choses qu’il est, on le sait,
l’auteur du plan général de la décoration du Panthéon, à laquelle son
nom restera à jamais attaché. Nous lui sommes bien sincèrement recon-
naissant d’avoir mis à notre disposition les intéressants documents que
l’on va lire :

J’arrive au cul-de-four de l’abside, où devait aboutir avec éclat et comme se résu-
mer la pensée de l’oeuvre. Ce cul-da-four devait être, comme les autres parties de la
muraille du monument, décoré de peintures marouflées. Mais le jour où je fis choix
de M. Hébert pour exécuter une composition que j’avais toujours conçue comme de-
vant produire l’effet grandiose des mosaïques byzantines, et où je projetais de renou-
veler, dans des conditions meilleures, la tentative faite par M. Picot à l’église Saint-
Vincent-de-Paul, d'un Christ aux proportions surnaturelles, je pris le parti décisif
d’employer à l’exécution du carton de M. Hébert l’atelier de mosaïstes qui, sur ma
proposition, avait été créé à Sèvres. Nul plus bel usage, ni qui montrât mieux sa véri-
table destination pour le décor magnifique de nos monuments, ne pouvait être fait de
cet atelier, lequel, en somme, faute d’avoir su Iroaver l’emploi de ses très habiles pra-
ticiens, n’a donné jusqu’à cette heure à notre pays que la frise extérieure de la manu-
facture de Sèvres, quelques piédestaux pour des bustes à Sèvres et à l’École des
Beaux-Arts, et la restauration, à Saint-Germain, de la grande mosaïque du Belléro-
phon. De son côté, très vivement ému de l’espoir d’une telle interprétation de la tâche
à lui échue dans le Panthéon, Hébert partait précipitamment pour LItalie ; il allait à
Venise, à Itavenne, à Rome et jusqu’à Païenne, recueillant ardemment sur son chemin
tout ce qui pouvait lui fournir une note de coloration, une ligne caractéristique pour
la forme et l’attitude de ses figures. Tous les artistes ont été émerveillés, à son retour,
de la moisson d’aquarelles admirables recueillie par lui, et dans lesquelles par avance
se devinait l’œuvre à éclore. L’esquisse, en effet, sortit aussitôt et tout naturellement du
germe ; et qui l’a vue, dans l’atelier du peintre, en son caractère un peu raide et sauvage,
et qui a vu plus tard la composition exécutée au tiers de la proportion réelle, et enfin
les cartons des colossales figures destinées à servir de modèles aux mosaïstes, a pu
présager l’impression de grandeur émouvante que l’aspect de cette abside produirait
dès l’entrée sur le visiteur du monument. La composition en elle-même est fort simple,
comme il convient d’ailleurs pour la plus puissante portée à distance de cette impres-
sion religieuse et mystique dont je parle, et le lecteur en jugera par la description
suivante de l’artiste :

« Abside de Sainte-Geneviève. — Au milieu, dans le haut et debout, le Christ montre
à l’ange de la France la destinée de son peuple; de la main droite, levée, il ordonne,
 
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