GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Z|30
A ce moment paraissent les scènes les plus palpitantes des romans de
Cabinet cle lecture dont la vogue s’est emparée.
Dès 1831, Eugène Devéria dessine et lithographie une affiche pour le
livre du docteur Ludolf de Garsenfeld : Beaucoup de tabac} toujours du
tabac • en 1832, Adolphe Lalance en produit une autre destinée au ro-
man du lexicographe Napoléon Landais: Une Vie de courtisane • en 1830,
une autre encore qu’il signe modestement : Adolphe Lalance barbouil-
lavit pour le roman de Carie Ledhuy : Comment meurent les femmes.
De 1835 à 1838, quelques illustrateurs, dont les noms sont restés
ignorés, font connaître les Proverbes anecdotiques de Stephen Arnoult;
les Amours d’un poète de Touchard-Lafosse et Dutouquet ; la Fille de V in-
valide de Maximilien Perrin; Laurette et Julia de Mme de Genlis et de
Giudicelli ; Madame de Tercy, ou l’Amour d’une femme de Charlotte de
Sor (comtesse Eilleaux) ; la Fille d’une fdle de Roland Bauchery ; la
Luciole d’Emmanuel Gonzalès et Molé-Gentilhomme ; la Fille du pauvre
Jacques de E. Chauffer et II. Demolière, etc., etc.
Toutes ces affiches, sauf celle de Devéria, qui pourtant n’est point
parfaite, laissent fort à désirer, mais il ne s’agit déjà plus d’informes
gravures sur bois. La lithographie, tardivement appréciée et adoptée en
France, s’est emparée de haute lutte de la situation vraiment exception-
nelle à laquelle elle a droit; l’accueil le plus empressé, l’avenir le plus
fructueux lui sont réservés. Les grands artistes de cette belle époque, si
souvent et si utilement étudiée, ne prennent pas part encore à l’exécution
des affiches, maison sent que le précieux secours qui leur est apporté par
l’admirable invention d’Aloys Senefelder les sollicite et les contraindra
avant peu de temps à entrer dans l’irrésistible mouvement qui se produit,
et à prêter généreusement leur concours à l’industrie.
C’est ce qui arrive en effet.
Beaucé, Ecl. de Beaumont, Berlall, Calame, Cbam, Français, Gavarni,
Grandville, Tony Johannot, Henri Monnier, Raffet, Ch. Vernier et tant
d’autres dont les noms sont vivants dans Part français, ont compris les
immenses ressources de ces procédés nouveaux, procédés qui doivent
être poussés à un état de perfection qui ne sera jamais atteint à
l’étranger.
C’est l’heure où les plus intelligents de nos éditeurs parisiens vont
publier les beaux livres à images si admirés et si recherchés de nos
jours par les bibliophiles. Curmer, Dubochet, H. Fournier, Furne,
Hetzel, Havard, Paulin et Renduel entreprennent l’impression des nom-
breux ouvrages qui forment aujourd’hui le fonds le plus intéressant, le
plus séduisant de nos bibliothèques contemporaines. Non contents d’il-
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A ce moment paraissent les scènes les plus palpitantes des romans de
Cabinet cle lecture dont la vogue s’est emparée.
Dès 1831, Eugène Devéria dessine et lithographie une affiche pour le
livre du docteur Ludolf de Garsenfeld : Beaucoup de tabac} toujours du
tabac • en 1832, Adolphe Lalance en produit une autre destinée au ro-
man du lexicographe Napoléon Landais: Une Vie de courtisane • en 1830,
une autre encore qu’il signe modestement : Adolphe Lalance barbouil-
lavit pour le roman de Carie Ledhuy : Comment meurent les femmes.
De 1835 à 1838, quelques illustrateurs, dont les noms sont restés
ignorés, font connaître les Proverbes anecdotiques de Stephen Arnoult;
les Amours d’un poète de Touchard-Lafosse et Dutouquet ; la Fille de V in-
valide de Maximilien Perrin; Laurette et Julia de Mme de Genlis et de
Giudicelli ; Madame de Tercy, ou l’Amour d’une femme de Charlotte de
Sor (comtesse Eilleaux) ; la Fille d’une fdle de Roland Bauchery ; la
Luciole d’Emmanuel Gonzalès et Molé-Gentilhomme ; la Fille du pauvre
Jacques de E. Chauffer et II. Demolière, etc., etc.
Toutes ces affiches, sauf celle de Devéria, qui pourtant n’est point
parfaite, laissent fort à désirer, mais il ne s’agit déjà plus d’informes
gravures sur bois. La lithographie, tardivement appréciée et adoptée en
France, s’est emparée de haute lutte de la situation vraiment exception-
nelle à laquelle elle a droit; l’accueil le plus empressé, l’avenir le plus
fructueux lui sont réservés. Les grands artistes de cette belle époque, si
souvent et si utilement étudiée, ne prennent pas part encore à l’exécution
des affiches, maison sent que le précieux secours qui leur est apporté par
l’admirable invention d’Aloys Senefelder les sollicite et les contraindra
avant peu de temps à entrer dans l’irrésistible mouvement qui se produit,
et à prêter généreusement leur concours à l’industrie.
C’est ce qui arrive en effet.
Beaucé, Ecl. de Beaumont, Berlall, Calame, Cbam, Français, Gavarni,
Grandville, Tony Johannot, Henri Monnier, Raffet, Ch. Vernier et tant
d’autres dont les noms sont vivants dans Part français, ont compris les
immenses ressources de ces procédés nouveaux, procédés qui doivent
être poussés à un état de perfection qui ne sera jamais atteint à
l’étranger.
C’est l’heure où les plus intelligents de nos éditeurs parisiens vont
publier les beaux livres à images si admirés et si recherchés de nos
jours par les bibliophiles. Curmer, Dubochet, H. Fournier, Furne,
Hetzel, Havard, Paulin et Renduel entreprennent l’impression des nom-
breux ouvrages qui forment aujourd’hui le fonds le plus intéressant, le
plus séduisant de nos bibliothèques contemporaines. Non contents d’il-