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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: Jacopo Bellini et la renaissance dans l'italie septentrionale, [2]: d'apres le recueil récemment acquis par le Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0472

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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celle de l’homme; il s’y rapproche de ses compatriotes lombards, Pisa-
nello et Michelino de Besozzo. Comme dans le recueil de Londres, l’artiste
s’attache tout particulièrement à la représentation des lions (ff. 65 v°,
77 y0, 78 v°, 87, etc.) ; il n’est pas impossible que le Serraglio de Florence,
qui contenait parfois jusqu’à trente de ces fauves, lui ait fourni les
modèles dont il avait besoin. Les chevaux lui tiennent autant à cœur. La
« plus noble conquête de l’homme » reparaît dans une foule de dessins,
tantôt seule, tantôt encadrée dans quelque composition sacrée, par
exemple, Saint Georges combattant le dragon (ff. 70, 75, 81, etc.). On ne
peut que louer l’extrême liberté des mouvements; ces superbes coursiers,
dont l’un rappelle le groupe de Monte-Cavallo, hennissent, se cabrent,
s’élancent avec une fougue presque inconnue chez un primitif. Malheu-
reusement, les détails de l’anatomie chevaline sont moins familiers à
Jacopo; notre savant collaborateur, M. le colonel Duhousset, trouverait
certainement à critiquer l’extrême lourdeur des extrémités, les jarrets et
les sabots. Plusieurs de ces études semblent se rattacher à des projets de
statues équestres. C’est là un point que M. Courajod, qui a si bien mérité
du recueil de Jacopo, éclaircira prochainement.

Les quadrupèdes de toute sorte, chiens, ours, léopards, singes, cerfs
et biches (fol. 18), les oiseaux et jusqu’aux animaux fabuleux, tels que
dragons et hippocampes, témoignent des investigations de l’artiste véni-
tien. Sa curiosité s’étendait même aux plantes; le folio 62 contient un
iris lavé à l’aquarelle avec une rare perfection.

L’animalier, comme on dirait aujourd’hui, est doublé d’un paysagiste
à la fois très personnel et très habile. Jacopo affectionne les paysages
d’automne ou d’hiver, les arbres dénudés, la nature qui sommeille. 11 y
a un charme tout particulier dans ces plaines soigneusement cultivées,
avec leurs rangées de plates-bandes, leurs sillons parallèles, leurs che-
mins sinueux s’étendant au pied de montagnes à pic ou de villes aux
tours crénelées; chaque détail y est loyalement conquis sur la réalité et
l’effet général est obtenu sans le moindre artifice. L’artiste n’a même pas
besoin, pour nous intéresser, de ces mouvements de terrains, de ces
cours d’eau, de ces montagnes ondulées, sans lesquels il n’y avait pas de
paysage aux yeux de certains maîtres du genre, tels que les Ombriens.
Les motifs les plus simples sont ceux dont il tire le parti le plus brillant.

Il est moins facile d’analyser les rares facultés d’observateur et de
poète dont Bellini a fait preuve d’un bout à l’autre de son recueil, ces
attitudes et ces gestes pris sur le vif, ces contrastes piquants et pitto-
resques (par exemple l’aigle au repos et l’aigle se préparant à prendre
son essor, dans la Vierge adorant VEnfant Jésus), la grâce de ses enfants,
 
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