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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 5
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Müntz, Eugène: Jacopo Bellini et la renaissance dans l'italie septentrionale, [2]: d'apres le recueil récemment acquis par le Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0480

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

directes, conscientes. Tantôt Mantegna introduit dans une de ses fresques
des Eremitani l’inscription romaine que Jacopo avait, probablement
depuis longtemps, consignée sur son album1; tantôt il lui emprunte
l’idée de placer des personnages microscopiques sur les montagnes for-
mant le fond de ses tableaux, afin de produire un effet de perspective
plus saisissant. Les proportions des figures de Mantegna, toujours sveltes
et élégantes, procèdent également de celles de Jacopo : que l’on compare,
par exemple, sa Flagellation clu Christ à tel ou tel dessin de son beau-
père, on sera frappé de leur ressemblance. L’influence de Donatello a
fait le reste chez l’immortel peintre des Eremitani.

Un maître tel qu’Andrea Mantegna peut impunément contracter de
pareilles dettes : vis-à-vis de lui, on est certain qu’elles seront toujours
payées avec usure. Si nous nous sommes plu à rappeler ce qu’il a pris à
Jacopo Bellini, c’est afin de mieux montrer ce qu’il a légué à la posté-
rité : l’intelligence du modelé, la science du dessin, l’ordonnance, por-
tées à leur perfection, les problèmes techniques les plus ardus résolus
avec une incomparable sûreté, les motifs les plus pittoresques semés à
pleines mains, avec une profusion telle que des générations entières ont
pu vivre sur ses restes, tout cela n’est rien encore en comparaison de la
force de la caractéristique, du sentiment dramatique, de l’éloquence, qui
éclatent dans toutes ses compositions. De même que le génie du grand
Donatello, celui de Mantegna embrasse deux mondes; il est l’inter-
prète de l’antiquité classique au même titre que celui du christianisme;
mais, comme Donatello aussi, il sait se donner tout entier, tour à tour,
à l’un ou à l’autre. Après avoir déployé dans ses Bacchanales, ses Com-
bats de Tritons, son Triomphe de César, toute son érudition archéolo-
gique, toute son imagination, toute sa puissance d’évocation, il se
montre vrai, simple, sublime, vis-à-vis d’une scène de l’Évangile. Là,
plus aucun appareil d’archéologie; le drame humain apparaît dégagé de

1. Communication de M. de Villefosse à la Société nationale des Antiquaires de
France (séance du 30 juillet /1884). Cette inscription a été publiée par M. Ileuzey dans
le Bulletin de la même société (1868, p. 38, 39). Dans le recueil du Louvre, elle est
reproduite comme suit :

T- PVLLIO
T- L- LINO

mm viro

AYG
ALBLYLL
MYR INF
SIBIETVIRO
V F
 
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