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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 5
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Garnier, Édouard: L' ancienne porcelaine de Vincennes et de Sèvres: 8e exposition de l'Union Centrale des Arts Décoratifs
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0484

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

U8

élevés que quelques-uns de ses produits ont atteints dans les dernières
ventes.

Cette absence si regrettable de pièces véritablement remarquables
tient à deux causes : la première, il faut malheureusement le constater,
est l’extrême rareté, en France, des anciennes pâtes tendres de Sèvres.
Esclaves des caprices et des exigences si souvent absurdes de la mode,
nous avons pendant trop longtemps, et avec une trop grande facilité,
dédaigné le lendemain et répudié sans appel ce que nous admirions la
veille; depuis quelque temps, il est vrai, nous avons su comprendre
quel immense intérêt il y aurait pour nos fabricants et nos artistes à
conserver, à mettre en lumière et à livrer à l’étude les quelques beaux
spécimens qui subsistent encore, dans notre pays, des industries qui ont
fait autrefois notre gloire et notre richesse, mais il était trop tard.
Aujourd’hui, c’est à l’étranger qu’il nous faut aller, si nous voulons revoir
et admirer les chefs-d’œuvre de tout genre conçus et exécutés par nos
habiles artisans des xvn° et xvme siècles, et c’est plus particulièrement
en Angleterre que nous rencontrerons les porcelaines d’apparat, les beaux
vases décoratifs et les riches services sortis des fours de Vincennes et de
Sèvres, et qui, seuls, peuvent montrer d’une façon vraie le mérite réel
et la supériorité indiscutable de ces porcelaines si justement renommées
et maintenant encore, nous ne craignons pas de le dire, sans rivales.
C’est seulement dans les deux vitrines de la grande salle des l'êtes, à
Buckingham-Palace, dans les salons et les appartements particuliers de
Sa Majesté la Reine au château de Windsor, dans les riches collections de
sir Richard Wallace et de lord Dudlay, ou, au Kensington, dans le legs
Jones, que l’on peut retrouver ces merveilles de goût, d’élégance et
d’exécution dont l’Angleterre nous débarrassait à l’époque où tout ce qui
n’était pas classique — et quel classique! —devait être impitoyablement
banni, et que nous avons laissé partir pour ne jamais les revoir.

11 y aurait un bien curieux chapitre à écrire sur cette sorte d’émi-
gration de nos plus belles porcelaines tendres en Angleterre; le prince de
Galles, plus tard Georges IV, les recherchait avec avidité et ce fut lui
qui rassembla la plus grande partie de celles qui composent aujourd’hui
l’incomparable collection de la Reine. On nous a raconté à Londres qu’un
Français nommé Benoît, qui remplissait dans la maison du prince l’emploi
de confiseur, avait organisé, grâce aux relations qu’il avait conservées
parmi ses anciens camarades de service, un véritable commerce dans
lequel il fit rapidement une très belle fortune; il achetait lui-même
dans ses voyages en France, ou faisait acheter pour son compte, et
pour presque rien, des porcelaines qui, même dans la période la plus
 
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