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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
pour former lin atelier de décoration, s’adresser aux peintres sur éven-
tails, nombreux alors, et aux émailleurs. Les uns et les autres conser-
vèrent, au moins pendant un certain temps, et employèrent sur la porce-
laine les procédés très différents d’exécution qui leur étaient propres, et
on peut en voir les applications bien nettement tranchées dans la plupart
des pièces de la vitrine qui renferme les premières porcelaines de Yin-
cennes.
Les éventaillistes, généralement peintres de figures, habitués à ne se
servir que de couleurs à la gouache, ont, au début, une exécution lourde
et un peu pâteuse ; ils abusent des lumières obtenues au moyen du
blanc fixe pur ou légèrement coloré; peu familiarisés avec leur nouvelle
palette, ignorant les effets qui se produisent sous l’influence du feu, ils se
servent des mélanges ordinaires, sans se douter que certaines couleurs
sont décorées par d’autres qui s’exaltent à la cuisson, et que certains
oxydes, au contraire, baissent de telle façon qu’ils ne donnent pas la moi-
tié de la valeur qu’ils avaient avant leur passage au four; de là ces
colorations parfois bizarres que l’on remarque dans les cartels d’un grand
nombre de pièces datant de cette première époque ; les verts trop bruns
et surtout trop jaunes, les chairs couleur de brique, etc., etc.
Les seconds, au contraire, presque tous peintres de fleurs, d’oiseaux
ou d’ornements, accoutumés à peindre d’une façon un peu précieuse des
bijoux ou des objets de petite dimension sur un émail déjà cuit et qui se
rapprochait, par sa nature et sa blancheur, de la couverte de la porce-
laine, procèdent par traits fins et délicats ; leurs fleurs sont plutôt des-
sinées en couleur que véritablement peintes, on en peut compter les
coups de pinceau. A part un peu de sécheresse parfois, cette seconde
manière convenait bien aux porcelaines élégantes et fines de la manufac-
ture à ses débuts, et beaucoup de pièces ainsi décorées peuvent être
classées parmi les œuvres les plus séduisantes de la céramique fran-
çaise.
Malgré leur perfection, les produits de la manufacture de Yincennes
avaient cependant trop peu d’importance pour pouvoir lutter contre les
porcelaines allemandes dont l’introduction en France continuait à prendre
des proportions considérables, et la nouvelle entreprise était loin de ré-
pondre au but que s’étaient proposé ses fondateurs et aux espérances que
dans les traits ainsi brunis; dans le vieux Sèvres, ils sont secs, très nets, très
arrêtés, et parfois assez profonds, la pointe du clou brunissant surtout par compres-
sion; dans les imitations, au contraire, ainsi que dans les porcelaines modernes, ils
sont plus larges, moins écrits, et surtout moins gravés, pour ainsi dire, l’agate agis-
sant beaucoup plus facilement et seulement au moyen d’un frottis un peu appuyé.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
pour former lin atelier de décoration, s’adresser aux peintres sur éven-
tails, nombreux alors, et aux émailleurs. Les uns et les autres conser-
vèrent, au moins pendant un certain temps, et employèrent sur la porce-
laine les procédés très différents d’exécution qui leur étaient propres, et
on peut en voir les applications bien nettement tranchées dans la plupart
des pièces de la vitrine qui renferme les premières porcelaines de Yin-
cennes.
Les éventaillistes, généralement peintres de figures, habitués à ne se
servir que de couleurs à la gouache, ont, au début, une exécution lourde
et un peu pâteuse ; ils abusent des lumières obtenues au moyen du
blanc fixe pur ou légèrement coloré; peu familiarisés avec leur nouvelle
palette, ignorant les effets qui se produisent sous l’influence du feu, ils se
servent des mélanges ordinaires, sans se douter que certaines couleurs
sont décorées par d’autres qui s’exaltent à la cuisson, et que certains
oxydes, au contraire, baissent de telle façon qu’ils ne donnent pas la moi-
tié de la valeur qu’ils avaient avant leur passage au four; de là ces
colorations parfois bizarres que l’on remarque dans les cartels d’un grand
nombre de pièces datant de cette première époque ; les verts trop bruns
et surtout trop jaunes, les chairs couleur de brique, etc., etc.
Les seconds, au contraire, presque tous peintres de fleurs, d’oiseaux
ou d’ornements, accoutumés à peindre d’une façon un peu précieuse des
bijoux ou des objets de petite dimension sur un émail déjà cuit et qui se
rapprochait, par sa nature et sa blancheur, de la couverte de la porce-
laine, procèdent par traits fins et délicats ; leurs fleurs sont plutôt des-
sinées en couleur que véritablement peintes, on en peut compter les
coups de pinceau. A part un peu de sécheresse parfois, cette seconde
manière convenait bien aux porcelaines élégantes et fines de la manufac-
ture à ses débuts, et beaucoup de pièces ainsi décorées peuvent être
classées parmi les œuvres les plus séduisantes de la céramique fran-
çaise.
Malgré leur perfection, les produits de la manufacture de Yincennes
avaient cependant trop peu d’importance pour pouvoir lutter contre les
porcelaines allemandes dont l’introduction en France continuait à prendre
des proportions considérables, et la nouvelle entreprise était loin de ré-
pondre au but que s’étaient proposé ses fondateurs et aux espérances que
dans les traits ainsi brunis; dans le vieux Sèvres, ils sont secs, très nets, très
arrêtés, et parfois assez profonds, la pointe du clou brunissant surtout par compres-
sion; dans les imitations, au contraire, ainsi que dans les porcelaines modernes, ils
sont plus larges, moins écrits, et surtout moins gravés, pour ainsi dire, l’agate agis-
sant beaucoup plus facilement et seulement au moyen d’un frottis un peu appuyé.