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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 5
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Girard, Paul: Les céramiques de la Grèce propre vases peints et terres cuites
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0512

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Zi-76

deux premières livraisons sont consacrées tout entières à l’étude des céramiques pri-
mitives.

Sans vouloir, au moins dès le début, assigner aux monuments qu’il passe en revue
aucune date précise, M. Dumont reconnaît que les vases les plus anciens amenés à la
lumière par les découvertes plus ou moins récentes de l’archéologie peuvent être
répartis en un certain nombre de groupes. Ceux qui appartiennent évidemment à la
plus haute antiquité sont ceux que M. Schliemann a trouvés dans la Troade, à His-
sarlik. Ces formes grossières, qui essayent parfois de reproduire la figure humaine,
ces procédés de fabrication tout rudimentaires, l'extrême simplicité de l’ornementa-
tion, qui consiste en traits, en lignes ondulées, en cercles, en points, en tresses,
dénotent l’industrie d’un peuple enfant et répondent à un état de civilisation encore
barbare. Les vases de Santorin, dus aux fouilles successives faites dans celte île par
MM. Fouqué et Gorceix, marquent déjà un progrès considérable. Les formes sont plus gra-
cieuses, la décoration est plus riche : de larges rubans, des volutes s’étalent sur la
panse des vases; des végétaux, feuilles ou fleurs, en ornent le pourtour; des animaux,
oiseaux ou quadrupèdes, s’y poursuivent au vol ou à la course. Ce n’est pas encore
de l’art, mais on aperçoit déjà, dans ces informes dessins, une certaine recherche et
un réel effort pour imiter la nature. Avec les vases d’Jalvsos, dans l’île de Rhodes,
commence pour l’histoire des céramiques helléniques une nouvelle période : les formes
se diversifient, les ornements se compliquent. Aux lignes, aux bandes parallèles, aux
feuillages, déjà rencontrés sur les vases de Santorin, mais traités ici avec plus de
liberté, s’ajoute la pieuvre, dont les flexibles tentacules fournissent un très heureux
motif de décoration. Mais les vases qui présentent les ornements les plus variés et les
plus somptueux, s’il est permis d’employer cette épithète en parlant de l’art élémen-
taire de ces temps reculés, sont les vases dont plusieurs fragments ont été découverts par
M. Schliemann à Mycènes, dans les fouilles heureuses qu’il y a faites en 1876-77. Si ces
fragments sont peu nombreux, les objets trouvés à côté d’eux, ustensiles d’or et d’ar-
gent, feuilles d’or repoussées, appliques, boutons, etc., permettent de se faire une
idée très exacte de la manière dont les artistes mycénéens entendaient, à cette époque
lointaine, l’ornementation, au sens le plus général du mot. Cette ornementation est
d’une richesse extraordinaire : comme celle des poteries d’Ialysos, avec laquelle elle a
plus d’un rapport, elle a recours aux ornements géométriques et aux feuillages, mais
les animaux s’v voient en plus grand nombre que sur les vases rhodiens : outre la
pieuvre, on y distingue le papillon, le cerf, le lion, l’aigle, la chouette, le griffon, le
sphinx, le poisson, quelques combats d’animaux, parfois même la figure humaine.
Nous sommes là, à n’en pas douter, en présence d’une civilisation déjà très avancée :
cette fécondité d’imagination, cette sûreté de main dans l’exécution des motifs déco-
ratifs même les plus complexes, supposent une longue période d’élaboration et de
perfectionnements successifs, et justifient l’étonnement des archéologues, à la pre-
mière apparition de ces curieux monuments : ils prirent l'art de Mycènes pour un art
de décadence1.

Il est clair qu’entre ces anciennes poteries et les beaux vases à fond noir et à
figures rouges que nous admirons dans les principales collections européennes, la dif-

1. Au groupe de Mycènes se rattachent étroitement quelques objets trouvés vers le même temps en
Attique près du village de Spata, mais qui appartiennent évidemment à une civilisation plus récente
encore : ils témoignent d’une influence orientale très marquée, influence que l'on ne constate à Mycènes
que sur de rares monuments.
 
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