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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Girard, Paul: Les céramiques de la Grèce propre vases peints et terres cuites
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0514

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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et ces études, arides en apparence, n’ont-elles pas, quand on en aperçoit nettement
le but, un peu de la poésie qui s’attache, en toutes choses, à la recherche des origines
et des mystérieuses filiations qui relient les différentes époques de l’humanité?

Un des grands mérites de M. Dumont est d’avoir commencé par examiner les col-
lections d’IIissarlik, de Santorin, d’Ialysos et de Mvcènes au point de vue purement
archéologique, sans se préoccuper de l’époque probable à laquelle il convient de rap-
porter chacune d’elles. Il fallait pourtant essayer de les dater. C’est ce que fait M. Du-
mont à la fin du premier fascicule de son livre. Il y est aidé par la connaissance que
nous avons de la date approximative du grand cataclysme qui bouleversa l’ile de San-
torin et lui donna la forme qu’on lui voit aujourd’hui. Ce cataclysme eut lieu vers le
xvie siècle avant notre ère. ür les vases de Santorin sont antérieurs à ce cataclysme.
Le xvia siècle serait donc la date la plus basse qu’on pourrait leur assigner, tandis
que les vases d’IIissarlik, plus anciens, nous reporteraient peut-être jusqu’au
xxe siècle. Quant aux poteries d’Ialysos et de Mycènes, elles s’échelonneraient entre
le xiv0 et le xne siècle. Ce n’est là, comme on voit, qu’une chronologie relative, mais
si l’on songe que l’histoire grecque ne commence qu’au ixe ou au vin* siècle et que
l’étude de l’art grec le plus ancien ne permet guère de remonter plus haut, on com-
prendra l’intérêt de ces recherches, qui ôtent à la légende, pour les donner à l’his-
toire, près de dix siècles entiers.

D’autres groupes de vases apparaissent, dans l’histoire de la céramique, avant les
vases de l’époque classique. M. Dumont les étudie dans le second fascicule de son
ouvrage, où il passe en revue les poteries des îles, ornées de rubans horizontaux,
d’échiquiers, de croix aux extrémités recourbées, etc., et les poteries les plus anciennes
d’Athènes, qui tantôt reproduisent le style géométrique dans toute sa pureté, tantôt
y associent la figure humaine. C’est dans ce fascicule également que se trouve une fine
analyse de la décoration orientale telle qu’elle s’offre à nous sur divers objets prove-
nant de la vallée du Tigre et de l’Euphrate, des bords du golfe Persique, de la Phé-
nicie, de l’Asie Mineure, de Chypre, etc., et dont les ornements rappellent ceux de
plusieurs séries de vases.

Continuant ainsi à suivre le développement progressif de l’ornementation et des
formes, notant les parentés des divers groupes entre eux, analysant les influences
exercées ou subies, M. Dumont fût arrivé à l’étude des produits céramiques qui ont
une véritable valeur d’art; il eût été amené à nous parler des différentes fabriques de
la belle époque et des admirables peintures qui en sont sorties1. Quelques-unes des
planches déjà publiées contiennent la reproduction d’un certain nombre de ces peintures.
M. Chaplain les a rendues avec une scrupuleuse exactitude et le vif sentiment qu’il a
de la beauté grecque. Le commentaire en eût paru plus tard, mais on peut dès main-
tenant les admirer et se faire, par elles, une idée de la perfection qu’atteignit, en
Grèce, l’art de décorer les vases. La gracieuse figure reproduite plus haut et représen-
tant un personnage, probablement Orphée, jouant de la lyre, montre l’habileté des
artistes anciens à saisir le naturel de certaines attitudes. Assis sur un rocher et por-
tant le costume thrace, la tête légèrement inclinée vers son instrument, comme pour
mieux percevoir les sons qui s’en échappent, le poète lient de la main gauche sa lyre,
tandis que de la main droite il en frappe les cordes avec une sorte d’archet. Le vase
béotien sur lequel est peint ce motif nous montre encore, à droite et à gauche du

1. Deux fascicules encore eussent été consacrés aux vases peints. Le reste de l’ouvrage eût contenu
l’étude sur les terres cuites.
 
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