Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Sédille, Paul: L' architecture moderne à Vienne, 3
DOI article:
Michel, André: À propos d'une collection particulière exposée dans la galerie de M. Georges Petit
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0533

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
A PROPOS D’UNE COLLECTION PARTICULIÈRE.

1(97

xviii* siècle, n’avaient plus à proposer, en littérature, que les idées de La
Harpe, en peinture que les académies de David. Delacroix, élève de
Guérin, — ironie et logique profonde de l’histoire! — fut le porte-parole
inspiré de cette génération. Il formula, dans une langue dont il fut l’in-
venteur et le maître, tout ce qui frémissait alors de besoins inassouvis,
de confuses aspirations et d’angoisses dans les imaginations et dans les
cœurs.

Sans doute, il subit aussi la mode du temps ; il lui arriva de s’affubler
de vêtements d’emprunt, tirés des magasins d’accessoires du roman et
du drame romantiques. On avait alors la superstition de la défroque
moyen âge. N’avons-nous pas les nôtres qui ne valent pas mieux? Mais,
jusque sous ses déguisements, comme on sent battre son cœur d’homme,
de poète et d’artiste! Comme il est sincère, original et moderne, au
meilleur sens du mot !

On attache une grande importance aujourd’hui à la représentation
formelle de notre vie contemporaine ; la platitude croissante des grandes
machines selon la formule de l’école, les longs bâillements provoqués par
de prétentieuses compositions sans imagination, sans foi et sans cha-
leur, encouragées et récompensées au nom d’un prétendu grand art, ont
amené certains esprits, soucieux de la vie et de l’avenir de notre art fran-
çais, à conseiller aux peintres de regarder simplement autour d’eux et de
nous confier leurs impressions et émotions personnelles, toutes chaudes
encore du contact de la vie moderne. Le conseil a du bon, à condition
de ne pas l’ériger en règle étroite et tyrannique. C’est beaucoup moins
le choix du sujet que la nuance de sensibilité de l’artiste qui fait la mo-
dernité d'une œuvre d’art. Dans quelque domaine qu’il puise la donnée
et la matière de son tableau, qu’il aille le chercher dans l’histoire ou dans
la légende ou qu’il l’emprunte à la réalité coudoyée chaque jour, un véri-
table artiste ne nous racontera jamais, en somme, que sa propre histoire ;
c’est encore son rêve qu’il nous peindra dans les réalités les plus vues
comme dans les plus archéologiques explorations. Dans l’œuvre de Dela-
croix, d’invention si riche, de variété si magnifique, c’est toujours lui
que nous trouvons. Il a vibré à tous les contacts ; Y Évêque de Liège était
exposé, en 1831 ,avec la Liberté sur les barricades, Le lloi Jean à Poitiers,
Le Cardinal Richelieu dans sa chapelle et Michel-Ange dans son atelier :
ce n’étaient au fond pour lui que des prétextes ou des moyens de traduire
à sa manière, dans sa langue de peintre, un drame intérieur plus poi-
gnant, d’apaiser cette fièvre brûlante qui faisait trembler sa main.

Il a ici plusieurs tableaux : quelques scènes orientales ou africaines,
comme ce Chef arabe, d’observation si pénétrante et de ton si riche,—

— "2e PÉRIODE. 63

XXX.
 
Annotationen