EXPOSITION RÉTROSPECTIVE A BUDAPEST.
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de la mode que l’orfèvrerie domestique ou la bijouterie. Protégés par la
vénération qui s’y attache, ils ont subsisté en grand nombre. Et pourtant,
que d’églises ont été pillées en Hongrie, au xvie, au xvne siècle, et aussi
plus anciennement! Ce que les guerres civiles ont fait ailleurs, ici, ce sont
les Turcs qui l’ont fait. C’est vraiment miracle que nous possédions
encore tant de belles choses.
Nous ne pouvons songer à mentionner ici, même sommairement, tous
les objets qui méritent l’attention. Aussi bien serait-ce faire une histoire
de l’orfèvrerie en Hongrie du xme au xvme siècle. Signalons seulement
les séries qui nous ont paru les plus intéressantes. Il serait difficile, pour
ne pas dire impossible, de réunir un nombre aussi considérable de croix,
de chefs de saints, de calices, de tous les objets du culte enfin que nous
en offre l’Exposition de Budapest. En ce temps où l’on cherche à renouve-
ler les arts dits industriels et à leur infuser un sang nouveau, il y aurait
là matière à une étude approfondie. Que de procédés oubliés ou perdus
à faire revivre et à remettre en honneur; que de formes élégantes à
copier, à adapter! Un des caractères principaux de l’orfèvrerie hongroise,
c’est l’emploi du filigrane ; tantôt il est employé seul, il recouvre la
panse des vases d’un délicat rôséau sur lequel font saillie, de place en
place, des perles de métal; tantôt il est employé avec l’émail; il se re-
courbe alors en délicats méandres pour former des fleurs que des émaux
translucides ou opaques colorent des plus vives couleurs; c’est ainsi
qu’est orné un beau calice du xvie siècle, qui appartient aux Franciscains
de Presbourg. La technique de ce travail est des plus simples, et l’on s’é-
tonne qu’on ne l’ait point pratiquée en dehors de la Hongrie. Faut-il y
voir l’opus transylvanicum mentionné par les inventaires? C’est ce que
nous ne nous chargerons pas de décider. Toujours est-il que c’est là un
travail tout local, dont nos orfèvres pourraient s’approprier avec profit les
procédés.
Les Hongrois n’ont, du reste, pas pratiqué ce seul genre d’émaillerie,
dont le plus ancien exemple paraît être le chef de saint Ladislas, qui est
antérieur à 1A06 ; le vêtement du saint est divisé en compartiments ren-
fermant chacun une fleur émaillée. Sur d’autres pièces, on rencontre et
l’émaillerie champlevée et l’émaillerie translucide et l’émaillerie cloison-
née; les artistes hongrois ont, du reste, eu de tout temps trop de rap-
ports avec l’empire d’Orient pour n’avoir pas hérité tant soit peu des pro-
cédés des Byzantins.
Ce qui frappe surtout, dans la construction des pièces d’orfèvrerie
religieuse hongroise, c’est la persistance du style gothique : il coudoie
en plein xvie siècle les formes de la renaissance. D’importation étrangère,
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de la mode que l’orfèvrerie domestique ou la bijouterie. Protégés par la
vénération qui s’y attache, ils ont subsisté en grand nombre. Et pourtant,
que d’églises ont été pillées en Hongrie, au xvie, au xvne siècle, et aussi
plus anciennement! Ce que les guerres civiles ont fait ailleurs, ici, ce sont
les Turcs qui l’ont fait. C’est vraiment miracle que nous possédions
encore tant de belles choses.
Nous ne pouvons songer à mentionner ici, même sommairement, tous
les objets qui méritent l’attention. Aussi bien serait-ce faire une histoire
de l’orfèvrerie en Hongrie du xme au xvme siècle. Signalons seulement
les séries qui nous ont paru les plus intéressantes. Il serait difficile, pour
ne pas dire impossible, de réunir un nombre aussi considérable de croix,
de chefs de saints, de calices, de tous les objets du culte enfin que nous
en offre l’Exposition de Budapest. En ce temps où l’on cherche à renouve-
ler les arts dits industriels et à leur infuser un sang nouveau, il y aurait
là matière à une étude approfondie. Que de procédés oubliés ou perdus
à faire revivre et à remettre en honneur; que de formes élégantes à
copier, à adapter! Un des caractères principaux de l’orfèvrerie hongroise,
c’est l’emploi du filigrane ; tantôt il est employé seul, il recouvre la
panse des vases d’un délicat rôséau sur lequel font saillie, de place en
place, des perles de métal; tantôt il est employé avec l’émail; il se re-
courbe alors en délicats méandres pour former des fleurs que des émaux
translucides ou opaques colorent des plus vives couleurs; c’est ainsi
qu’est orné un beau calice du xvie siècle, qui appartient aux Franciscains
de Presbourg. La technique de ce travail est des plus simples, et l’on s’é-
tonne qu’on ne l’ait point pratiquée en dehors de la Hongrie. Faut-il y
voir l’opus transylvanicum mentionné par les inventaires? C’est ce que
nous ne nous chargerons pas de décider. Toujours est-il que c’est là un
travail tout local, dont nos orfèvres pourraient s’approprier avec profit les
procédés.
Les Hongrois n’ont, du reste, pas pratiqué ce seul genre d’émaillerie,
dont le plus ancien exemple paraît être le chef de saint Ladislas, qui est
antérieur à 1A06 ; le vêtement du saint est divisé en compartiments ren-
fermant chacun une fleur émaillée. Sur d’autres pièces, on rencontre et
l’émaillerie champlevée et l’émaillerie translucide et l’émaillerie cloison-
née; les artistes hongrois ont, du reste, eu de tout temps trop de rap-
ports avec l’empire d’Orient pour n’avoir pas hérité tant soit peu des pro-
cédés des Byzantins.
Ce qui frappe surtout, dans la construction des pièces d’orfèvrerie
religieuse hongroise, c’est la persistance du style gothique : il coudoie
en plein xvie siècle les formes de la renaissance. D’importation étrangère,