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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Débuts du gymnasiarque Léotard, l’Ilomme-chien, les Arènes nationales,
la Grande fête du réalisme, la Dernière soirée d’été dans l’atelier du
maître peintre Courbet, etc., etc.
Malheureusement, et c’est toujours ainsi que se gâtent les choses
les meilleures et dont on aurait le plus à cœur d’assurer la perpétuité, si
l’art était absent des premières affiches imprimées en 1715, il semble
s’éloigner de celles qui vont paraître.
On ne prétendra pas cependant que les moyens d’exécution font
défaut. Les illustrateurs sont plus nombreux, mieux instruits, plus expé-
rimentés qu’ils ne l’ont jamais été.
Sont-ce donc les petiis journaux illustrés qui ont perverti le goût du
public, ou le public qui a inconsciemment gâté celui des illustrateurs?
Nous l’ignorons ; mais il faut bien reconnaître, quoi qu’il en coûte, qu’ici
l’art a tristement perdu en dignité et en grandeur beaucoup de ce qu’il
a gagné en diffusion.
Les libraires semblent avoir renoncé aux affiches artistiques. Aidés
des procédés Lefraan, Yves et Barret, Gillot, etc., ils se contentent de
faire reproduire, sans grands frais, les clichés qui ont place dans les ou-
vrages qu’ils mettent au jour. Quelques-uns d’entre eux, dans un esprit
d’économie peu patriotique, ont recours aux imprimeurs étrangers ; d’au-
tres font coller sur leurs affiches tirées typographiquement quelques
planches imprimées en taille-douce. Ils créent ainsi une publicité nouvelle
qui leur coûte peu, mais qui reste sans valeur, sans intérêt et surtout
sans originalité.
Ce n’était pas cependant un mince mérite pour l’industrie française
que d’avoir amené à soi, même à l’aide de gros sacrifices, toutes les per-
sonnalités remarquables que nous avons déjà citées et dont les noms
resteront sûrement attachés à l’histoire artistique du pays; d’autant plus
que bien d’autres, et non des moins célèbres, pourraient encore figurer
dans cette nomenclature dont on voudra bien nous pardonner la séche-
resse et la longueur.
Daumier, le pauvre et grand Daumier, qui n’aimait guère les affiches
pourtant, n’en a-t-il point fait une pour son ami M. Desouches, directeur
de l’entrepôt de charbon d’Ivry et excellent statuaire à ses heures ?
Manet n’a-t-il pas dessiné, pour les Chats de Ghamplleury, une affiche
devenue introuvable?
Frédéric Régamey n’a-t-il pas donné, pour le Paris à Veau-forte,
plusieurs affiches d’un excellent effet?
Grévin n’a-t-il pas crayonné avec son esprit habituel quelques petites
compositions pour Y Oracle des demoiselles, la Cuisinière modèle, la
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Débuts du gymnasiarque Léotard, l’Ilomme-chien, les Arènes nationales,
la Grande fête du réalisme, la Dernière soirée d’été dans l’atelier du
maître peintre Courbet, etc., etc.
Malheureusement, et c’est toujours ainsi que se gâtent les choses
les meilleures et dont on aurait le plus à cœur d’assurer la perpétuité, si
l’art était absent des premières affiches imprimées en 1715, il semble
s’éloigner de celles qui vont paraître.
On ne prétendra pas cependant que les moyens d’exécution font
défaut. Les illustrateurs sont plus nombreux, mieux instruits, plus expé-
rimentés qu’ils ne l’ont jamais été.
Sont-ce donc les petiis journaux illustrés qui ont perverti le goût du
public, ou le public qui a inconsciemment gâté celui des illustrateurs?
Nous l’ignorons ; mais il faut bien reconnaître, quoi qu’il en coûte, qu’ici
l’art a tristement perdu en dignité et en grandeur beaucoup de ce qu’il
a gagné en diffusion.
Les libraires semblent avoir renoncé aux affiches artistiques. Aidés
des procédés Lefraan, Yves et Barret, Gillot, etc., ils se contentent de
faire reproduire, sans grands frais, les clichés qui ont place dans les ou-
vrages qu’ils mettent au jour. Quelques-uns d’entre eux, dans un esprit
d’économie peu patriotique, ont recours aux imprimeurs étrangers ; d’au-
tres font coller sur leurs affiches tirées typographiquement quelques
planches imprimées en taille-douce. Ils créent ainsi une publicité nouvelle
qui leur coûte peu, mais qui reste sans valeur, sans intérêt et surtout
sans originalité.
Ce n’était pas cependant un mince mérite pour l’industrie française
que d’avoir amené à soi, même à l’aide de gros sacrifices, toutes les per-
sonnalités remarquables que nous avons déjà citées et dont les noms
resteront sûrement attachés à l’histoire artistique du pays; d’autant plus
que bien d’autres, et non des moins célèbres, pourraient encore figurer
dans cette nomenclature dont on voudra bien nous pardonner la séche-
resse et la longueur.
Daumier, le pauvre et grand Daumier, qui n’aimait guère les affiches
pourtant, n’en a-t-il point fait une pour son ami M. Desouches, directeur
de l’entrepôt de charbon d’Ivry et excellent statuaire à ses heures ?
Manet n’a-t-il pas dessiné, pour les Chats de Ghamplleury, une affiche
devenue introuvable?
Frédéric Régamey n’a-t-il pas donné, pour le Paris à Veau-forte,
plusieurs affiches d’un excellent effet?
Grévin n’a-t-il pas crayonné avec son esprit habituel quelques petites
compositions pour Y Oracle des demoiselles, la Cuisinière modèle, la