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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
brisés en 1793. Quelques morceaux seulement purent être sauvés.
« Le reste de la statue, dit Lenoir, en parlant du buste de Charles VII,
a été brisé par les malveillans. » Ce fragment entra aux Petits-
Augustins le 14 brumaire an IV. Lenoir n'avait pu conserver que le
haut de la figure et il en forma le buste que l’on voit aujourd’hui. La
même amputation fut jugée par lui nécessaire pour la figure de Marie
d’Anjou. Les deux bustes étaient classés aux Petits-Augustins sous
les numéros 85 et 87. Ils ont été gravés dans le Musée des monu-
ments français. Ils étaient portés par deux colonnes de marbre blanc
ornées de chapiteaux sculptés venant de Gaillon. J’ai eu la bonne
fortune de retrouver également les deux supports, isolés des bustes
et oubliés dans d’autres coins des chantiers de l’église de Saint-Denis.
La sculpture du tombeau de Charles VII, de la plus haute valeur
historique, possède, en outre, un intérêt d’art très appréciable.
Française et parisienne, cette œuvre est datée. Nous savons, en effet,
grâce au texte précieux du Compte de l'ordinaire de la prévôté de
Paris en 1464, qu’on travaillait à Paris, en l’année 1463, au tombeau
de Charles VIL On lit dans ce compte : «En l’hostel de la reine, près
Saint-Paul, réparations des galleries dudit hostel où est le grand
Préau de la Fontaine-au-Lion, sous laquelle gallerie étaient les
ouvriers, tailleurs de pierre et images besognans de marbre et
de pierre la sculpture de feu le roi Charles dernier trespassé. »
Lenoir nous a fait connaître que la restauration en plâtre de quelques
parties du buste de Charles VII a été exécutée par Beauvallet.
Marie d'Anjou, fragment de la statue couchée sur le tombeau de
cette reine à Saint-Denis, buste de marbre. Hauteur 0m 50. La
coiffure de Marie d’Anjou, dans le fragment de sa statue recueilli au
Louvre, est tout particulièrement décrite par l'Histoire de l'abbaye
de Saint-Denis de Félibien. On y lit : « Cette pieuse reine mourut le
29" de novembre 1463 et fut enterrée â Saint-Denis avec le roi
Charles AUI son époux. Leur tombeau se voit entre ceux des rois
Charles V et Charles AU. Il est de marbre noir, et par-dessus sont
deux figures d’albastre qui les représentent couchés : le roi en habit
royal, la couronne sur la teste, et la reine aussi couronnée et vestüe
d’un manteau royal avec la coiffure de veuve, c’est-à-dire le voile et
la guimpe »
l. Je passe sous silence tous les monuments de la même époque, qui sont d’un
intérêt moindre, mais dont la présence au Louvre sera cependant utile pour com-
pléter les séries.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
brisés en 1793. Quelques morceaux seulement purent être sauvés.
« Le reste de la statue, dit Lenoir, en parlant du buste de Charles VII,
a été brisé par les malveillans. » Ce fragment entra aux Petits-
Augustins le 14 brumaire an IV. Lenoir n'avait pu conserver que le
haut de la figure et il en forma le buste que l’on voit aujourd’hui. La
même amputation fut jugée par lui nécessaire pour la figure de Marie
d’Anjou. Les deux bustes étaient classés aux Petits-Augustins sous
les numéros 85 et 87. Ils ont été gravés dans le Musée des monu-
ments français. Ils étaient portés par deux colonnes de marbre blanc
ornées de chapiteaux sculptés venant de Gaillon. J’ai eu la bonne
fortune de retrouver également les deux supports, isolés des bustes
et oubliés dans d’autres coins des chantiers de l’église de Saint-Denis.
La sculpture du tombeau de Charles VII, de la plus haute valeur
historique, possède, en outre, un intérêt d’art très appréciable.
Française et parisienne, cette œuvre est datée. Nous savons, en effet,
grâce au texte précieux du Compte de l'ordinaire de la prévôté de
Paris en 1464, qu’on travaillait à Paris, en l’année 1463, au tombeau
de Charles VIL On lit dans ce compte : «En l’hostel de la reine, près
Saint-Paul, réparations des galleries dudit hostel où est le grand
Préau de la Fontaine-au-Lion, sous laquelle gallerie étaient les
ouvriers, tailleurs de pierre et images besognans de marbre et
de pierre la sculpture de feu le roi Charles dernier trespassé. »
Lenoir nous a fait connaître que la restauration en plâtre de quelques
parties du buste de Charles VII a été exécutée par Beauvallet.
Marie d'Anjou, fragment de la statue couchée sur le tombeau de
cette reine à Saint-Denis, buste de marbre. Hauteur 0m 50. La
coiffure de Marie d’Anjou, dans le fragment de sa statue recueilli au
Louvre, est tout particulièrement décrite par l'Histoire de l'abbaye
de Saint-Denis de Félibien. On y lit : « Cette pieuse reine mourut le
29" de novembre 1463 et fut enterrée â Saint-Denis avec le roi
Charles AUI son époux. Leur tombeau se voit entre ceux des rois
Charles V et Charles AU. Il est de marbre noir, et par-dessus sont
deux figures d’albastre qui les représentent couchés : le roi en habit
royal, la couronne sur la teste, et la reine aussi couronnée et vestüe
d’un manteau royal avec la coiffure de veuve, c’est-à-dire le voile et
la guimpe »
l. Je passe sous silence tous les monuments de la même époque, qui sont d’un
intérêt moindre, mais dont la présence au Louvre sera cependant utile pour com-
pléter les séries.