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GAZETTE DES BEAUX-AltTS.
deux anges, c’est le couronnement du tombeau de Renée d'Orléans
aux Célestins de Paris (gravé par la Gazette, en septembre 1884).
Ce masque d’homme mort dont les yeux sont fermés et dont les
traits sont encore contractés par les dernières douleurs de l’agonie,
c’est le visage de Henri II moulé après sa mort par les soins de
François Clouet et sculpté en terre cuite, comme des documents
publiés par le marquis de Laborde nous l’avaient appris. J’ai établi,
en effet, par une discussion insérée dans le Bulletin de la Société des
Antiquaires de France, que ce moulage a été levé sur le cadavre de
Henri II en juillet 1559, retouché ensuite par un sculpteur et qu’il
a dû servir d’abord aux obsèques du roi et enfin aux travaux de
Germain Pilon.
Le maître dont nous venons do prononcer le nom n’est pas absent
lui-même de notre apport de Saint-Denis. Le petit roi sans tête,
représenté debout, vêtu du manteau royal fleurdelisé et fourré
d’hermine, est bien de son style. Il est en marbre, et mesure
50 centimètres de haut. Il a fait partie du musée des monuments
français de 1806 à 1816, sous le numéro 158. Lenoir qui l’avait acheté
au marbrier Balleux en avait intelligemment deviné l’auteur quand
il l’a décrit ainsi : Petite statue en albâtre représentant Louis XI,
attribuée à Germain Pilon.
Elles sont bien de Pilon les trois pièces que voici : Saint Jean
prêchant dans le désert (bas-relief de pierre, hauteur 0m73, larg. 0'"65),
Jésus et la Samaritaine (bas-relief, mêmes matière et dimensions),
Une cariatide drapée (haut relief, hauteur 0m,80). Ce sont des
fragments de la chaire du couvent des Grands-Augustins. On sait par
Millin ce qu’était cette chaire. Adossée contre un pilier elle était
formée de trois panneaux de pierre tenus par six montants en forme
de cariatides. Nous possédons non seulement une description détaillée
de ce beau monument, mais, ce qui vaut mieux encore, une repro-
duction graphique. 11 était attribué, par tradition, à Germain Pilon
sous l’ancien régime et la vue de l’œuvre ne peut que confirmer cette
opinion. La Révolution fit passer cette sculpture au Musée des Pctits-
Augustins. Lenoir la reçut complète aux premières heures de la
Révolution (Journal, n° 19). Intacte encore en l’an IV, elle occupait
le n° 294 du catalogue du Musée des monuments français. Lenoir
utilisa diversement les détails de cette œuvre d’art, après les avoir
isolés les uns des autres. A l’aide du bas-relief de Saint Jean prêchant
à la foule et des cariatides, il forma un piédestal pour la statue de
David, de Francheville. Les deux autres bas-reliefs : Saint Paul prêchant
GAZETTE DES BEAUX-AltTS.
deux anges, c’est le couronnement du tombeau de Renée d'Orléans
aux Célestins de Paris (gravé par la Gazette, en septembre 1884).
Ce masque d’homme mort dont les yeux sont fermés et dont les
traits sont encore contractés par les dernières douleurs de l’agonie,
c’est le visage de Henri II moulé après sa mort par les soins de
François Clouet et sculpté en terre cuite, comme des documents
publiés par le marquis de Laborde nous l’avaient appris. J’ai établi,
en effet, par une discussion insérée dans le Bulletin de la Société des
Antiquaires de France, que ce moulage a été levé sur le cadavre de
Henri II en juillet 1559, retouché ensuite par un sculpteur et qu’il
a dû servir d’abord aux obsèques du roi et enfin aux travaux de
Germain Pilon.
Le maître dont nous venons do prononcer le nom n’est pas absent
lui-même de notre apport de Saint-Denis. Le petit roi sans tête,
représenté debout, vêtu du manteau royal fleurdelisé et fourré
d’hermine, est bien de son style. Il est en marbre, et mesure
50 centimètres de haut. Il a fait partie du musée des monuments
français de 1806 à 1816, sous le numéro 158. Lenoir qui l’avait acheté
au marbrier Balleux en avait intelligemment deviné l’auteur quand
il l’a décrit ainsi : Petite statue en albâtre représentant Louis XI,
attribuée à Germain Pilon.
Elles sont bien de Pilon les trois pièces que voici : Saint Jean
prêchant dans le désert (bas-relief de pierre, hauteur 0m73, larg. 0'"65),
Jésus et la Samaritaine (bas-relief, mêmes matière et dimensions),
Une cariatide drapée (haut relief, hauteur 0m,80). Ce sont des
fragments de la chaire du couvent des Grands-Augustins. On sait par
Millin ce qu’était cette chaire. Adossée contre un pilier elle était
formée de trois panneaux de pierre tenus par six montants en forme
de cariatides. Nous possédons non seulement une description détaillée
de ce beau monument, mais, ce qui vaut mieux encore, une repro-
duction graphique. 11 était attribué, par tradition, à Germain Pilon
sous l’ancien régime et la vue de l’œuvre ne peut que confirmer cette
opinion. La Révolution fit passer cette sculpture au Musée des Pctits-
Augustins. Lenoir la reçut complète aux premières heures de la
Révolution (Journal, n° 19). Intacte encore en l’an IV, elle occupait
le n° 294 du catalogue du Musée des monuments français. Lenoir
utilisa diversement les détails de cette œuvre d’art, après les avoir
isolés les uns des autres. A l’aide du bas-relief de Saint Jean prêchant
à la foule et des cariatides, il forma un piédestal pour la statue de
David, de Francheville. Les deux autres bas-reliefs : Saint Paul prêchant