LE VITRAIL.
et coucher sur un verre nu ce vernis rouge, ainsi que Kunckel
l’appelle ». Il ne connaissait donc pas le verre plaqué.
Pendant la Révolution française les verrières furent très en-
dommagées par la destruction des « marques de féodalité ». Il s’en
fallut de peu que tous les vitraux ne fussent détruits pour extraire
l’or du verre rouge. Une croyance populaire attribuait en effet à l’or
cette coloration. Le citoj'en Darcet, chargé d’analyser les verres an-
ciens, prouva que la couleur rouge n’était due qu’à l’oxyde de cuivre
et préserva les vitraux 1.
Alexandre Lenoir avait pu sauver, pendant la Révolution, un
grand nombre de verrières qu’il avait déposées avec d’autres œuvres
d’art dans le Musée des monuments français. Ce Musée avait été
décrété sur la proposition de Bailly par l’Assemblée nationale et
Lenoir en avait été institué conservateur. Il publia en 1804 une His-
toire de la peinture sur verre fort incomplète et remplie de préjugés
contre « la manière gothique des artistes anciens ». Les planches qui
accompagnaient l’ouvrage ne peuvent donner qu'une idée bien impar-
faite des verrières qui y sont représentées.
Toutefois Alexandre Lenoir exprimait un vœu pour la création
d’une nouvelle école de peinture sur verre, et Brongniart, directeur
de la Manufacture de Sèvres, n’hésita pas à faire quelques essais dans
ce but. Malheureusement les recherches ne tendaient encore qu’à la
réalisation de tableaux transparents, exécutés à l’aide d’émaux, sans
traits et sans mise en plomb, sur verre incolore. Ces tentatives ne
pouvaient donc être d’aucune utilité pour la décoration monumentale.
On peut en dire autant des peintures sur glace de M. Dihl bien que
Alexandre Lenoir n’hésite pas à les comparer aux vitraux anciens
et à reconnaître qu’elles leur sont supérieures pour le dessin.
Ces erreurs se propagèrent jusqu’en 1830, à l’époque où se mani-
festa un réveil du goût pour les arts du moyen âge. De ce moment
datent les premières études sur les vitraux anciens. Tandis que Bon-
temps retrouvait à la verrerie de Choisy-le-Roi les procédés de fabri-
cation du verre rouge, Langlois publiait à son tour une Histoire delà
peinture sur verre qui témoigne d’un véritable progrès dans les idées.
Une lettre de Brongniart, citée par Bontemps2, indique bien
nettement les préjugés qu’il fallait vaincre. L illustre savant écrivait ;
« J’ai dit vingt fois aux archéologues : Donnez-nous tels dessins que
1. lionlemps, Guide du verrier. Paris 1808. p. 33e.
2. Guide du verrier, p. 700.
x \ X11.
2° p k mon u.
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et coucher sur un verre nu ce vernis rouge, ainsi que Kunckel
l’appelle ». Il ne connaissait donc pas le verre plaqué.
Pendant la Révolution française les verrières furent très en-
dommagées par la destruction des « marques de féodalité ». Il s’en
fallut de peu que tous les vitraux ne fussent détruits pour extraire
l’or du verre rouge. Une croyance populaire attribuait en effet à l’or
cette coloration. Le citoj'en Darcet, chargé d’analyser les verres an-
ciens, prouva que la couleur rouge n’était due qu’à l’oxyde de cuivre
et préserva les vitraux 1.
Alexandre Lenoir avait pu sauver, pendant la Révolution, un
grand nombre de verrières qu’il avait déposées avec d’autres œuvres
d’art dans le Musée des monuments français. Ce Musée avait été
décrété sur la proposition de Bailly par l’Assemblée nationale et
Lenoir en avait été institué conservateur. Il publia en 1804 une His-
toire de la peinture sur verre fort incomplète et remplie de préjugés
contre « la manière gothique des artistes anciens ». Les planches qui
accompagnaient l’ouvrage ne peuvent donner qu'une idée bien impar-
faite des verrières qui y sont représentées.
Toutefois Alexandre Lenoir exprimait un vœu pour la création
d’une nouvelle école de peinture sur verre, et Brongniart, directeur
de la Manufacture de Sèvres, n’hésita pas à faire quelques essais dans
ce but. Malheureusement les recherches ne tendaient encore qu’à la
réalisation de tableaux transparents, exécutés à l’aide d’émaux, sans
traits et sans mise en plomb, sur verre incolore. Ces tentatives ne
pouvaient donc être d’aucune utilité pour la décoration monumentale.
On peut en dire autant des peintures sur glace de M. Dihl bien que
Alexandre Lenoir n’hésite pas à les comparer aux vitraux anciens
et à reconnaître qu’elles leur sont supérieures pour le dessin.
Ces erreurs se propagèrent jusqu’en 1830, à l’époque où se mani-
festa un réveil du goût pour les arts du moyen âge. De ce moment
datent les premières études sur les vitraux anciens. Tandis que Bon-
temps retrouvait à la verrerie de Choisy-le-Roi les procédés de fabri-
cation du verre rouge, Langlois publiait à son tour une Histoire delà
peinture sur verre qui témoigne d’un véritable progrès dans les idées.
Une lettre de Brongniart, citée par Bontemps2, indique bien
nettement les préjugés qu’il fallait vaincre. L illustre savant écrivait ;
« J’ai dit vingt fois aux archéologues : Donnez-nous tels dessins que
1. lionlemps, Guide du verrier. Paris 1808. p. 33e.
2. Guide du verrier, p. 700.
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