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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 2
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Michel, André: Le Salon de 1885, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0129

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

particulières et trouve des sourires pour tous les amours, des larmes
pour toutes les tristesses. Rien d’humain ni de divin ne saurait lui
être étranger.

Comme il arrive quelquefois — quand d’ailleurs on en est digne —-
les difficultés que l’artiste avait à surmonter lui ont ici fourni des
ressources imprévues. Le mouvement de la figure est d’une grâce
exquise; le jeu des draperies qui l’accompagnent, harmonieusement
traitées dans le goût le plus pur, obéit à un rythme lent et doux. Le
geste du bras et de la main tendus, l’inclinaison de la tète ont une
éloquence intime et émouvante ; le ciseau a craint d’insister sur les
détails de l’anatomie et s’est maintenu dans une discrétion volon-
taire et charmante. Tout concourt à donner une expression de grâce
mélancolique, noble et douce. L’auteur de la Jeunesse a rencontré là
une de ses plus pures inspirations.

Le7û?yre/deMmeMarie Cazin pourrait aussi veiller sur une tombe.
C’est une de ces œuvres imprévues et poignantes, qui semblent faites
d’instinct, qui vous arrêtent au passage et dont le souvenir s’enfonce
dans le cœur. Sur un tertre, une femme est affaissée encore plus
qu’agenouillée, enveloppée dans une lourde cape de paysanne, les
épaules serrées, la tête à demi couverte d’un capuchon, inclinée
sous le poids d’une douleur silencieuse, qui ne pleure plus mais qui
n’oubliera jamais. Rien n’est fait de pratique, pas une recette d’atelier,
pas une de ces petites habiletés banales qui ne servent souvent qu’à
dissimuler la sécheresse de l’inspiration : un sentiment profond qui
s’exprime comme il peut, sans art ou plutôt sans artifice, et arrive,
par la seule puissance de l’émotion, à l’éloquence et à la poésie.
L’exécution n’en est pas très serrée; le modelé par larges plans n’est
pas partout également suivi, —et pourtant l’œuvre est de grand prix.

On pourrait, au point de vue purement sculptural, formuler une
critique générale, en disant qu’il y a trop de bronze. Il ne faut
jamais le gaspiller : il a ses exigences, il sait ce qu’il vaut, il aime
les sveltes silhouettes et veut qu’on le ménage.

M. Falguière ne s’y est pas trompé : c’est en bronze qu’il a coulé
l’audacieuse équilibriste, admise par contrebande dans le cortège
de Diane chasseresse, et qui lève la jambe plus qu’il n’est utile pour
courir. La Diane de Houdon se déhanche beaucoup moins et fait plus
de chemin.

C’est aussi le bronze que réclamait le svelte Coureur de
M. Injalbert, cousin germain du Vainqueur au coq de Falguière.

La Destinée de M. Christophe offre encore un excellent modèle de
 
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