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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 2
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Michel, André: Le Salon de 1885, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0136

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LE SALON DE 1885.

127

XV.

Il faut arrêter ici ces écritures, beaucoup trop longues, si incom-
plètes pourtant, mais encore plus inutiles ! Ce n’est pas dans l’encrier
des critiques, nous le savons de reste, que s’élaborent les destinées
d’une École. Les plus belles théories du monde n’ont jamais enfanté
d’art vivant. Quand les esthéticiens pullulent, — comme les microbes,
— l’art est le plus souvent malade.

Aussi, quand, délaissant les musées, nous nous occupons des pro-
ductions de l’art moderne, notre ambition n’est pas de juger, encore
moins de diriger; c’est assez d’essayer de comprendre, d’observer
impartialement tant de manifestations diverses, souvent contradic-
toires, d’en dégager les tendances générales, de relever la direction
des grands courants. Tâche modeste, mais délicate. Le meilleur
critique serait en somme un greffier intelligent, comme le meilleur
Salon un procès-verbal bien dressé.

Les causes qui président à la production des œuvres d’art, les
régions mystérieuses où s’élaborent l’idéal et les idées maîtresses
d’une génération restent au-dessus de notre volonté, sinon de notre
entendement. Il faudrait découvrir dans la conscience nationale les
aspirations profondes et les besoins sincères capables de susciter des
formes d’art vivantes et fécondes, diriger dans cet esprit l’éducation
des jeunes artistes. Est-ce là ce que nous cherchons? Qui d’ailleurs
démêlera le véritable caractère, qui osera tenter une définition de
l’idéal caméléonesque de notre dix-neuvième siècle finissant?

L’École moderne est comme déchiquetée, par mille courants ou
tourbillons isolés, en petits îlots sur lesquels il reste à peine assez
de place pour un seul atelier — et ces ateliers n’ont que d’étroits
horizons, une fenêtre borgne ouverte à la dérobée, bien moins
sur la nature que sur le champ du voisin ou sur le magasin du
marchand de tableaux. Ce sont là de mauvaises conditions pour une
belle poussée artistique.

Pourtant un mouvement chaque année plus marqué se dessine,
et l’on peut affirmer, en dépit de la médaille d’honneur de M. Bou-
guereau, que quelque chose achève de mourir chez nous. Nous
sentons tous le besoin d’étendre nos sympathies, de faire entrer
plus d’humanité dans notre art, d’arriver à une conception plus
large, plus vivante et plus féconde de cet idéal, au nom duquel
tant de platitudes se commettent chaque printemps. Nous aspirons,
 
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