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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 3
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Müntz, Eugène: Les dessins de la jeunesse de Raphae͏̈l, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0210

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200

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dans le recueil et les ouvrages authentiques de Raphaël, la similitude
absolue des types, des gestes, des attitudes.

La question de l’authenticité du Recueil de Venise étant ainsi
définitivement vidée, nous nous trouvons singulièrement à l’aise pour
étudier les évolutions du génie de Raphaël pendant la période, si
laborieuse, de ses débuts.

Raphaël, ce fait semble désormais acquis, a eu sa manière anté-
ou pré-péruginesque. Les leçons de son père, celles de son compa-
triote Timoteo Viti, celles enfin de Justus de Gand, dont les portraits
de philosophes se trouvent reproduits avec tant d’amour dans le
Recueil de Venise, tels sont les éléments constitutifs de ce premier
enseignement. Une des théories les plus séduisantes de M. Morelli1
consiste à placer dans cette période, antérieure à l’entrée dans l’ate-
lier de Pérugin, c’est-à-dire à l’année 1500 environ, les ouvrages
suivants : le dessin de Lille représentant Deux archers (copie d’après
Signorelli, ainsi qu’il sera dit plus loin), le Songe du chevalier, de la
Galerie nationale de Londres, Y Ange et le gardien du tombeau du
Christ, à l’Université d’Oxford, enfin une petite Madone de la même
collection (Braun, n° 10). Ces différents dessins ou tableaux auraient
été exécutés sous l’influence de Timoteo Viti : telle est du moins
l’opinion de M. Morelli, qui a très certainement raison en ce qui con-
cerne le Songe du chevalier. Quant à la date mise en avant par l’émi-
nent amateur italien, il me paraît difficile de l’accepter après l’argu-
mentation si solide de M. Springer dans le Reperturium. C’est vers
1504, non vers 1500 qu’a pris naissance le Songe du chevalier. Il est
assez naturel que Raphaël, qui fit à cette époque un voyage à Urbin,
soit momentanément retombé sous l'influence de son compatriote et
ancien maître Timoteo.

Pendant la période suivante, en d’autres termes de 1500 à 1504
environ, l’influence du Pérugin domine, comme de droit. Raphaël a
pris au chef de l’Ecole ombrienne jusqu’à la technique même de ses
dessins à la plume, avec leurs hachures si serrées, leurs effets si
vigoureux. Il lui a aussi pris, malheureusement, ses contours trop
grêles, ses physionomies trop souffreteuses. Il me paraît difficile,
néanmoins, de confondre les productions du maître avec celles du
disciple : les premières sont infiniment plus archaïques. Considérez
par exemple, la position des pieds chez le Pérugin, et le manque

i. Celle manière de voir est partagée par M. Minghetli, dans le livre d’un si
haut intérêt que l’éminent homme d’Etat italien vient de consacrer à Itnphaé) :
llalfaello, di Mnrro Minghetli. Bologne, 1885.
 
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