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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Ephrussi, Charles: François Gérard, 2: d'après les lettres publiées par M. le Baron Gérard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0086

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FRANÇOIS GÉRARD.

que leur directeur en vaille mieux, mais ce serait procurer la preuve de l’estime
que le gouvernement fait de sa personne. »

De tous les correspondants de Gérard, le plus assidu fut de beau-
coup le célèbre Humboldt qui, depuis février 1807 jusqu’à la mort du
peintre, entretint avec lui un commerce de lettres régulier et suivi.
Rien n’altéra cette solide amitié, pas même les hasards changeants
de la guerre entre la Prusse et la France, pas même Iéna, ni Leipzig
ou Waterloo. Au lendemain de l’écrasement de la Prusse, Humboldt
se fait presque le collaborateur de Gérard pour un tableau rappelant
le séjour de Napoléon à Potsdam :

« Berlin, 12 février 1817.

« J’ai su, mon digne et respectable ami, que vous désiriez exécuter quelque
tableau relatif au séjour de l’Empereur au palais de Sans-Souci. Je suis bien cou-
pable d’avoir tardé si longtemps à remplir vos désirs et à vous envoyer l’esquisse
du petit édifice qui vous était nécessaire. Je puis vous assurer cependant que j’v
ai mis plus de zèle que vous ne devez le penser. J’avais chargé un jeune artiste de
mes amis de se rendre à Potsdam pour y faire le dessin. Il m’a porté à la Un une
esquisse que nous croyons très imparfaite et que je n’oserais vous offrir. Elle forme
un paysage, mais elle ne contient pas ce qui vous est le plus nécessaire, la repré-
sentation linéaire de l’architecture. Au milieu du chagrin que j’en ai éprouvé, j'ai
appris qu’il existe une vieille planche de M. Krüger qui est mal gravée, mais de la
plus grande exactitude. Les plus petits détails y sont fidèlement représentés. Je me
suis procuré une épreuve de cette planche que possède la famille de M. Krüger, et je
m’empresse de vous la faire parvenir. Je me flatte qu’elle remplira votre but, mon
respectable ami. Toutefois, si vous désiriez autre chose, par exemple une partie de
la terrasse de Sans-Souci ou une vue sur laquelle se trouve en même temps le
fameux moulin à vent, je vous supplie de me le marquer franchement. Vous savez
que peu de personnes en ce monde vous sont plus vivement attachées que moi.
Vous savez que la reconnaissance que vous m’avez inspirée est proportionnée à cet
enthousiasme avec lequel on doit embrasser tout ce qui est beau, grand et simple
à la fois.

« Depuis mon retour d’Italie, surtout depuis que mon ami intime M. Gay-Lussac
m’a quitté ici, j’ai vécu dans un désert moral. Les événements qui viennent d’écraser
notre indépendance politique, comme ceux qui ont préparé celte chute désastreuse
et qui la faisaient prévoir, tout m’a fait regretter mes bois de l’Orénoque et la
solitude d’une nature aussi majestueuse que bienfaisante. Après avoir joui d’un
bonheur constant depuis dix à douze ans, après avoir erré dans des régions loin-
taines, je suis rentré pour partager les malheurs de ma patrie ! L’espoir de me
rapprocher de vous me console un peu. J’exécuterai ce projet sitôt que la délica-
tesse et mes devoirs me le permettront. Je sens tous les jours que l’on ne travaille
bien que là ou d’autres travaillent mieux autour de vous. Aussi la publication de
mes ouvrages ne pourra se terminer que lorsque je serai moi-même à Paris, ou
j’implorerai de nouveau vos conseils.

« Tous les gens de goût se sont occupés ici, de loin, de l’idée de votre tableau
 
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