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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 2
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Reinach, Salomon: La victoire de Samothrace
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0112

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

conservateur au Musée Britannique, écrivait en 1883 1 : « Il est certain
qu’une statue de la Victoire, dans l’attitude de celle qui figure sur les
m onnaies de Démétrius et pl acée sur la proue d’un vaisseau, existait à
la fin du ive siècle. Mais il ne s’ensuit nullement que la Victoire découverte
à Samothrace soit précisément cette statue. La même figure a été copiée
sur des coins romains et le marbre du Louvre peut être aussi une
réplique du type original. »

M. Murray n’a certainement point entendu dire par là que la
Victoire de Samothrace soit une copie romaine, mais bien qu’elle peut
être une des répliques d’un type célèbre au me siècle, qui se trouve
reproduit sur les tétradrachmes de Démétrius. La date de 306 lui
paraît trop reculée pour notre statue, vu l’analogie qu’elle présente,
dans le travail des draperies flottantes et des ailes, avec les bas-
reliefs de l’autel de Pergame, qui appartiennent au commencement
du iie siècle. Au lieu de songer pour elle à l’école de Lysippe, comme
MM. Cavvadias et Champoiseau, ou à celle de Scopas, comme
MM. Newton et Ray et, il attribuerait volontiers la Victoire de Samo-
thrace à un sculpteur de l’école de Rhodes, influencé par l’école
attique. M. Murray va du reste trop loin en présentant la Victoire
comme une simple « étude de draperie », mais ce n’est pas la beauté
de la statue qui nous occupe maintenant : en citant ici l’opinion de
l’excellent archéologue anglais, nous voulons seulement enregistrer
sa protestation discrète contre une adhésion formelle et sans réserves
à la séduisante hypothèse de M. Benndorf.

Si l’on avait découvert, près de la Victoire, le moindre fragment
d’inscription concernant Démétrius Poliorcète ; s’il était prouvé que
ce Démétrius fût alors ou devint plus tard le maître de Samothrace ; si
la bataille navale où il a vaincu avait été livrée en vue de l’île — alors,
je l’avoue, la connexité de la statue et des monnaies ne serait pas
seulement possible, mais presque certaine. Puisqu’il n’en est pas
ainsi, puisque les graveurs des coins monétaires ont, en général, imité
très librement les oeuvres en ronde bosse, puisque, en outre, les ailes
de la Victoire sur la monnaie sont absolument différentes de celles
qu’on a restituées avec certitude sur la statue, je crois qu’il faut
suspendre son jugement et se contenter d’admettre entre les deux
images une parenté indirecte qui est évidente, au lieu d’un rapport
de filiation qui reste douteux.

Il y a une considération plus grave encore que nous devons faire

1. Murray, A history of greek sculpture, t. II, p. 373.
 
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