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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 2
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Fourcaud, Louis de: François Rude, 12
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0121

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106

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

entrer la figure de Michel Ney dans la série de ses médailles expia-
toires 1 et livre au public, en 1846, une médaille de la tête laurée du
héros et un médaillon ressuscitant la victime, la main sur son
cœur, en face du peloton d’exécution, auprès de la lugubre civière.
L’heure approche où l’idée d’un monument, émise naguère par les
pétitionnaires de la Moselle et non suivie d’effet, sera officiellement
reprise. C’est là le vœu général, et si manifeste que, trois semaines
après la Révolution de février, le gouvernement provisoire y fait
droit par un décret d’un laconisme saisissant, dépouillé de tout
préliminaire : « Un monument sera élevé au maréchal Ney sur le
lieu même où il a été fusillé 2. » Pas un mot de plus, et cela suffit.

Je me trompe : cela ne suffit point. Le Moniteur officiel nous
apprend que Lamartine, à l’occasion de ce décret, a reçu, à l’Hôtel
de Tille, une députation de vétérans de la grande armée et d’habi-
tants de Sarrelouis, ville natale du vainqueur d’Elchingen. En leur
nom, le vieux colonel Deniset lit une adresse aux « Citoyens Gou-
vernants » où s’accuse la persistante vivacité du sentiment des foules :
« C’est vivement émus, que de vieux soldats de la République et de
l’Empire viennent, avec des enfants de Sarrelouis, toujours restés nos
frères par le cœur, vous apporter l’expression de leur profonde
reconnaissance pour l’hommage que vous rendez au Brave des
braves... Il vous appartient de compléter sa réhabilitation en signant un
décret qui déclare à la France et à l’Europe entière, nul de toute nullité,
dans son effet moral et politique, le jugement du 6 décembre 1815, comme
inique et infâme. » Lamartine répond à cette adresse par des faux-
fuyants sonores et de belles phrases à la gloire de l’illustre soldat 3.
En réalité, Michel Ney ne sera jamais réhabilité que par l’érection
d’un bronze.

A-t-on pensé tout de suite à confier l’œuvre au sculpteur de l’Arc
de triomphe? La tradition le veut et un rapport deRomieu, directeur
des Beaux-Arts en 1852, l’affirme positivement L Malheureusement,

1. Cette série comporte les médailles des frères Bandiera, les patriotes italiens,
des quatre sergents de la Rochelle, de Labédoyère, du maréchal Ney, des
Massacres de Galicie et dos frères Foucher. Cf. H. Jouin : David d’Angers et ses
relations littéraires, pp. 265-67.

2. Décret du 18 mars 1848, déjà cité.

3. 27 mars 1848 ; Cf. Moniteur officiel du 28.

4. Rapport de Romieu à M. de Persigny, ministre de l’Intérieur, en date du
27 mai 1852 : « Lorsqu’il fut question d’ériger le monument en 1848, il fut décidé
que la statue du maréchal Ney serait en bronze et que l'exécution en serait confiée
à M- Rude, l’un de nos statuaires les plus distingués. » (Archives de la Direction
des Beaux-Arts.)
 
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