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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 3
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Lostalot, Alfred de: M. Eugène Gaujean: graveurs contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0217

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M. EUGÈNE GAUJEAN.

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détails et sans en altérer le caractère; la Vierge, l’Enfant et les têtes
des chérubins sont dignes de Gaillard. Moins complète que cette
planche, la Naissance de Vénus, d’après Botticelli, contient des parties
remarquables; puis vient le Concert de Ter Borch, d’une extraordi-
naire finesse de travail; on a beaucoup admiré le rendu du tapis de
table, mais ce n’est qu’un détail dont on peut conclure que M. Gaujean
connaissait déjà toutes les ressources, j’allais presque dire les
« ficelles », du métier. Le graveur de la Madone réparait, aussi sûr
de sa main et de son style, dans le Concert des Anges d’après Van Eyck :
cette planche lui attira des commandes de même nature dont nous
parlerons tout à l’heure.

Les artistes estiment particulièrement entre toutes nos planches,
la Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte Anne, d’après le Léonard du Louvre;
ils en admirent le caractère profondément léonardesque qui est si
difficile à rendre et l’habileté extrême du graveur dans les parties du
tableau où l’état d’inachèvement et de détérioration rendait l’inter-
prétation fort incertaine. Le public, un peu déconcerté par les raisons
que nous venons de dire, a, par contre, accueilli avec une faveur
marquée la tête de Vierge en prière d’après Quentin Matsys. Le fait
est que c’est un petit chef-d’œuvre d’expression et de rendu ; la
couronne éblouissante de lumière est dessinée avec une extraordi-
naire légèreté d’outil, le modelé de la tête et des mains charme par
son exquise douceur : ce n’est pas aller au delà de la vérité que de
classer cette petite planche parmi les œuvres les plus remarquables
de la gravure à notre époque; elle a d’ailleurs beaucoup contribué à
établir la réputation de M. Gaujean en France et à l’étranger.

Nous avons le regret de le dire, c’est de l’étranger que viennent les
grosses commandes : on ne nous enlève pas nos meilleurs artistes
parce qu’ils ne veulent pas quitter Paris, mais on leur prend tout leur
temps, on accapare leur talent. Les éditeurs anglais et américains
peuvent compter sur un public d’amateurs riches et décidés qui nous
manque; aussi ne craignent-ils pas de s’engager dans de coûteuses
entreprises de gravure; ils savent que leur clientèle ne regardera
pas à quelques centaines de francs pour se procurer une épreuve.
M. Gaujean, cela devait être, est parmi les plus recherchés ; on n’en-
treprend pas à l’étranger la reproduction d’une œuvre de style, ou de
haute prétention au style, sans essayer au préalable d’avoir son con-
cours. Les adeptes du préraphaëlitisme goûtent particulièrement son
talent, et d’ailleurs l’expérience qu’ils en ont faite les a admirable-
ment servis. M. Burne Jones lui a confié la gravure d’une charmante
 
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