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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 5.1891

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Nr. 3
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Phillips, Claude: La "Guelph Exhibition" à la New Gallery et l'exposition des maîtres anciens à la Royal Academy: correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24449#0278

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256

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Aussi n’est-ce point de ce côté-là qu’il faut chercher le véritable, le palpitant
intérêt d'une exposition qui, trompant heureusement notre attente, ne le cède en
rien à ses deux devancières et arrive à un niveau artistique égal pour le moins à
celui auquel atteignirent celles-là. Non pas que nous ne trouvions, dans la nom-
breuse série de portraits appartenant à ce que nous pourrions appeler l’enceinte
royale, de fort belles pages dues au pinceau de nos meilleurs peintres : Reynolds,
Gainsborough, Copley, Lawrence et autres. On commençait déjà à s’apitoyer sur
les malheurs de l’infortunée Sophie Dorothée de Zell, l’épouse emmurée pendant
plus de trente ans de Georges Ier, quand il fut démontré que le grand portrait en
pied, d’une facture solide et sincère, qui portait son nom, était en réalité celui de
la vaillante Caroline d’Anspach, l’épouse trop indulgente de Georges II; ce portrait
est probablement dû au pinceau d’Amiconi, peintre de la cour à cette époque. A
côté de celui de cette reine on peut signaler le portrait inachevé, peint par sir
Godfrey Kneller, d’une des maîtresses avouées de ce même roi, la comtesse de
Platen et de Darlington — une beauté bien terrestre, — que ce peintre ennuyêux
mais non sans habileté s’est complu à représenter avec une vivacité inusitée chez
lui. De magnifiques portraits en pied de Gainsborough, que la reine envoie de
Buckingham Palace, nous montrent sous leur aspect le plus avantageux les traits
de Georges III et de son épouse la reine Charlotte. C’est un chef-d’œuvre de légè-
reté et de grâce dans l’exécution que cette dernière toile, faisant valoir dans une
grande robe de cour blanc et or la figure médiocre et hautaine de la princesse de
Mecldembourg. Une magnifique esquisse très peu poussée du même peintre —
récemment dénichée, à ce qu’il paraît, à Windsor — reproduit les traits d’Anne
Luttrell, duchesse de Cumberland, l’épouse légitime de Henri-Frédéric, frère du
roi Georges III. Gainsborough aurait sans doute adouci les tons par exception
quelque peu criards de celte belle étude ; toutefois son état actuel et sa parfaite
conservation la rendent d’autant plus intéressante aux connaisseurs. Une exception
au point de vue plastique dans la famille de Hanovre, est Georges IV dans sa jeu-
nesse. Il apparaît ici radieux et charmant dans un portrait quelque peu endommagé
de Gainsborough; mais plus lard, ses trails et sa taille s’épaissiront, et il perdra
cet attrait purement physique qui les distingue dans ses premières années. Son
épouse Caroline avait derrière elle un passé bien orageux, quand elle posa pour le
portrait, d’apparence assez vulgaire, dû au pinceau de Lonsdale; ce portrait a cepen-
dant un intérêt historique, comme étant celui même qu’elle donna à la corporation
de la cité de Londres en 1820, par reconnaissance sans doute pour l’appui quelle
en avait reçu dans ses démêlés si célèbres avec le roi. Lawrence a su rendre
attrayante la figure de Guillaume IV (à cette époque duc de Clarence), dans un
portrait qui nous le montre jeune encore, en costume civil.

Du côté des « dames nobles et honnestes de par le monde », épouses morga-
natiques et maîtresses de personnages royaux ou illustres, nous trouvons, comme
il fallait s’y attendre, des pages délicieuses et des souvenirs bien intéressants.
Voici, par exemple, dans un admirable portrait en pied de Romney, une adorable
créature, lady Craven, Margravine d’Anspach, dont parle M. Edmond de Goncourt
dans sa curieuse étude sur la Clairon, et qui, paraît-il, après avoir évincé la
grande tragédienne, finit par épouser le Margrave, si amateur d’art dramatique.

Dans une autre salle se trouvent deux portraits-esquisses, par le même maître,
de sa déesse, Emma Lyon, lady Hamillon, qui, sans être parmi les plus impor-
 
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