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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
a été remplacée sous le premier Empire. On y chercherait vainement
les deux statues d’Apollon et d’Orphée qui remplissaient les niches
latérales. Au plafond, Julien de Toulon a représenté Y Assemblée des
dieux dans l’Olympe. C’est vraisemblablement le seul ouvrage de ce
peintre qui ait été conservé à Paris. L’hôtel de Kinsky est, en ce
moment, l’objet d’une rénovation complète qui respectera cependant
les derniers débris d’une des créations les plus raffinées de l’art
décoratif parisien.
Auprès de cet hôtel est la vaste résidence que la princesse de
Monaco avait fait élever sur les dessins de Brongnard. Bien qu’elle
n’ait subi aucune transformation extérieure, cette demeure ne con-
serve rien de son ancienne décoration, qui a été modernisée par
M. Hope et par les propriétaires qui s’y sont succédé. Il faut se
contenter d’admirer la majestueuse disposition de ses façades et les
immenses jardins qui l’accompagnent, sans autre espoir de satis-
faction artistique. Presque vis-à-vis est situé l’ancien hôtel de Mire-
poix dans la façade duquel sont encastrés des bas-reliefs et des
frises datant de l’époque de Louis XVI.
La famille de Choiseul avait fait construire sur des terrains
dépendant du vaste hôtel de Mailly, aujourd’hui disparu, quatre
maisons identiques. L’une d’elles appartenant à M. Chauffard, et
située rue de Bellechasse n° 11 bis, a gardé un grand salon de
l’époque des dernières années du règne de Louis XV, qui est décoré
de colonnes dorées et de dessus de portes en stuc à médaillons ovales
représentant les Arts.
La rue de Grenelle conserve l’un des monuments qui font le plus
d’honneur à la sculpture décorative du siècle dernier. Le prévôt des
marchands, Turgot, père du célèbre ministre, ayant commandé à
Bouchardon une fontaine publique, cette entreprise lui permit de se
montrer aussi habile dans l’architecture que dans la sculpture. Ne
disposant que d’une rue étroite, il prit le parti de reculer la façade
de l’édifice et d’y dessiner un avant-corps accompagné de deux ailes
en retraite, décrivant un demi-cercle. L’avant-corps est orné d’un
groupe de trois figures en marbre représentant la Ville de Paris assise
entre les deux figures couchées de la Seine et de la Marne. Dans les niches
de la colonnade environnante sont des statues en pierre symbolisant
les Quatre Saisons. Au-dessous, quatre bas-reliefs où des enfants com-
plètent ces sujets, sont ciselés avec toute la saveur que le xvme siècle
savait donner aux charmes de la jeunesse. Le monument, achevé
en 1739, est resté jusqu’ici sans avoir subi d’autre injure que celle
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
a été remplacée sous le premier Empire. On y chercherait vainement
les deux statues d’Apollon et d’Orphée qui remplissaient les niches
latérales. Au plafond, Julien de Toulon a représenté Y Assemblée des
dieux dans l’Olympe. C’est vraisemblablement le seul ouvrage de ce
peintre qui ait été conservé à Paris. L’hôtel de Kinsky est, en ce
moment, l’objet d’une rénovation complète qui respectera cependant
les derniers débris d’une des créations les plus raffinées de l’art
décoratif parisien.
Auprès de cet hôtel est la vaste résidence que la princesse de
Monaco avait fait élever sur les dessins de Brongnard. Bien qu’elle
n’ait subi aucune transformation extérieure, cette demeure ne con-
serve rien de son ancienne décoration, qui a été modernisée par
M. Hope et par les propriétaires qui s’y sont succédé. Il faut se
contenter d’admirer la majestueuse disposition de ses façades et les
immenses jardins qui l’accompagnent, sans autre espoir de satis-
faction artistique. Presque vis-à-vis est situé l’ancien hôtel de Mire-
poix dans la façade duquel sont encastrés des bas-reliefs et des
frises datant de l’époque de Louis XVI.
La famille de Choiseul avait fait construire sur des terrains
dépendant du vaste hôtel de Mailly, aujourd’hui disparu, quatre
maisons identiques. L’une d’elles appartenant à M. Chauffard, et
située rue de Bellechasse n° 11 bis, a gardé un grand salon de
l’époque des dernières années du règne de Louis XV, qui est décoré
de colonnes dorées et de dessus de portes en stuc à médaillons ovales
représentant les Arts.
La rue de Grenelle conserve l’un des monuments qui font le plus
d’honneur à la sculpture décorative du siècle dernier. Le prévôt des
marchands, Turgot, père du célèbre ministre, ayant commandé à
Bouchardon une fontaine publique, cette entreprise lui permit de se
montrer aussi habile dans l’architecture que dans la sculpture. Ne
disposant que d’une rue étroite, il prit le parti de reculer la façade
de l’édifice et d’y dessiner un avant-corps accompagné de deux ailes
en retraite, décrivant un demi-cercle. L’avant-corps est orné d’un
groupe de trois figures en marbre représentant la Ville de Paris assise
entre les deux figures couchées de la Seine et de la Marne. Dans les niches
de la colonnade environnante sont des statues en pierre symbolisant
les Quatre Saisons. Au-dessous, quatre bas-reliefs où des enfants com-
plètent ces sujets, sont ciselés avec toute la saveur que le xvme siècle
savait donner aux charmes de la jeunesse. Le monument, achevé
en 1739, est resté jusqu’ici sans avoir subi d’autre injure que celle