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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
n’en sont pas moins maintenues, et un jour viendra où elles éclate-
ront plus bruyamment que jamais. C’est ce qui se voit notamment
au Mans dont les journaux, avec un parfait accord, annonçaient
naguère la prochaine érection, sur une place de la ville, d’une statue
de Germain Pilon. La question de savoir où était né l’un des plus
célèbres sculpteurs de la Renaissance, après une manifestation aussi
importante, serait tranchée, espère-t-on, en faveur de Loué, chef-
lieu de canton voisin.
Devant un pareil retour en arrière, qui le croirait? aucune protes-
tation ne s’est élevée. La presse parisienne, sans s’occuper des consé-
quences, a tout simplement enregistré la nouvelle. Les documents si
probants, publiés, il y aura bientôt quarante années, par le baron
Pichon1, loin d’être rappelés, invoqués, reproduits au besoin, comme
la circonstance semblait le rendre nécessaire, ont été négligés, mis
en oubli, et l'incertitude, le doute qui avaient si longtemps régné,
ne sauraient manquer tiès probablement d’avoir repris place dans
certains esprits.
I
Alexandre Lenoir n’est pas le premier, comme Jal le laisserait
facilement supposer, qui ait assigné pour lieu de naissance à
Germain Pilon le gros bourg de Loué, dans la vallée de la Vègre,
à 30 kilomètres à l’ouest du Mans; mais c’est grâce à la notice
insérée par lui, dans le troisième volume du Musse des monuments
français 2, qu’une opinion si contraire à la vérité a trop longtemps
joui d’un certain crédit. On ne pensait pas pouvoir suspecter les
renseignements dus au « citoyen Renonard, bibliothécaire près
l’Ecole centrale du département de la Sarthe ». A défaut de preuves
tirées de pièces d’archives, les affirmations bien précises d’écrivains
qui avaient vécu à une époque relativement ancienne, tels que
Corvaisier dont Y Histoire des évêques du Mans a été imprimée en 1648,
Louis Maulni, conseiller au présidial de la même ville durant le
second quart du xvme siècle, étaient faites pour ébranler les
esprits. Si par hasard quelqu’un se permettait d’objecter que La
1. Sur Germain Pillon, sculpteur du roi, dans Mélanges de littérature et d'his-
toire. Paris, 1856.
2. Pages 102-119.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
n’en sont pas moins maintenues, et un jour viendra où elles éclate-
ront plus bruyamment que jamais. C’est ce qui se voit notamment
au Mans dont les journaux, avec un parfait accord, annonçaient
naguère la prochaine érection, sur une place de la ville, d’une statue
de Germain Pilon. La question de savoir où était né l’un des plus
célèbres sculpteurs de la Renaissance, après une manifestation aussi
importante, serait tranchée, espère-t-on, en faveur de Loué, chef-
lieu de canton voisin.
Devant un pareil retour en arrière, qui le croirait? aucune protes-
tation ne s’est élevée. La presse parisienne, sans s’occuper des consé-
quences, a tout simplement enregistré la nouvelle. Les documents si
probants, publiés, il y aura bientôt quarante années, par le baron
Pichon1, loin d’être rappelés, invoqués, reproduits au besoin, comme
la circonstance semblait le rendre nécessaire, ont été négligés, mis
en oubli, et l'incertitude, le doute qui avaient si longtemps régné,
ne sauraient manquer tiès probablement d’avoir repris place dans
certains esprits.
I
Alexandre Lenoir n’est pas le premier, comme Jal le laisserait
facilement supposer, qui ait assigné pour lieu de naissance à
Germain Pilon le gros bourg de Loué, dans la vallée de la Vègre,
à 30 kilomètres à l’ouest du Mans; mais c’est grâce à la notice
insérée par lui, dans le troisième volume du Musse des monuments
français 2, qu’une opinion si contraire à la vérité a trop longtemps
joui d’un certain crédit. On ne pensait pas pouvoir suspecter les
renseignements dus au « citoyen Renonard, bibliothécaire près
l’Ecole centrale du département de la Sarthe ». A défaut de preuves
tirées de pièces d’archives, les affirmations bien précises d’écrivains
qui avaient vécu à une époque relativement ancienne, tels que
Corvaisier dont Y Histoire des évêques du Mans a été imprimée en 1648,
Louis Maulni, conseiller au présidial de la même ville durant le
second quart du xvme siècle, étaient faites pour ébranler les
esprits. Si par hasard quelqu’un se permettait d’objecter que La
1. Sur Germain Pillon, sculpteur du roi, dans Mélanges de littérature et d'his-
toire. Paris, 1856.
2. Pages 102-119.