PORTRAIT-MINIATURE EN FRANGE
LA RÉVOLUTION ET L’EMPIRE
(deuxième article1.)
e rival d’Augustin, Isabey, est un tout
autre homme; l’artiste prime en lui, et
s’il étudie la'nature, c'est à l’école buis-
sonnière, sans plue songer de gloires
très hautes ni méditer guère.
L’esprit calculateur lui fait défaut
absolument, il s'en va à l’aventure,
comptant sur sa chance, sur sa gaité, sur
sa belle santé pour dompter les obstacles.
Augustin était arrivé à Paris comme un
Auvergnat, Isabey y tomba comme un aé-
rolithe; l’un avait son but, l’autre ne savait pas; tous deux réussirent.
Isabey arrivait de Nancy, mais il était Comtois d’origine, c’est
dire un Auvergnat plus gai. Lui-même a conté dans des mémoires
dont M. Taigny a tiré une étude ravissante 2 ses débuts dans la car-
rière d’artiste, comment ayant été destiné à la musique et son frère
à la peinture, ils intervertirent un beau matin les rôles et en eurent
une folle joie. Jean-Baptiste Isabey, né en 1767, n’avait pas tout à
fait dix-huit ans quand il quitta ses parents, lesté de rares écus,
pour venir à Paris frapper à la porte de François Dumont, le minia-
turiste. La bonne histoire ! L’enfant arrive dans un palais, est intro-
duit près d’un personnage fort grandiose, lequel lui refuse tout net
1. Voir Gazette, 3e pér., t. XI, p. 237.
2. Edmond Taigny, Mélanges. Paris, Hachette, 1869, pp. 1 à 102.
LA RÉVOLUTION ET L’EMPIRE
(deuxième article1.)
e rival d’Augustin, Isabey, est un tout
autre homme; l’artiste prime en lui, et
s’il étudie la'nature, c'est à l’école buis-
sonnière, sans plue songer de gloires
très hautes ni méditer guère.
L’esprit calculateur lui fait défaut
absolument, il s'en va à l’aventure,
comptant sur sa chance, sur sa gaité, sur
sa belle santé pour dompter les obstacles.
Augustin était arrivé à Paris comme un
Auvergnat, Isabey y tomba comme un aé-
rolithe; l’un avait son but, l’autre ne savait pas; tous deux réussirent.
Isabey arrivait de Nancy, mais il était Comtois d’origine, c’est
dire un Auvergnat plus gai. Lui-même a conté dans des mémoires
dont M. Taigny a tiré une étude ravissante 2 ses débuts dans la car-
rière d’artiste, comment ayant été destiné à la musique et son frère
à la peinture, ils intervertirent un beau matin les rôles et en eurent
une folle joie. Jean-Baptiste Isabey, né en 1767, n’avait pas tout à
fait dix-huit ans quand il quitta ses parents, lesté de rares écus,
pour venir à Paris frapper à la porte de François Dumont, le minia-
turiste. La bonne histoire ! L’enfant arrive dans un palais, est intro-
duit près d’un personnage fort grandiose, lequel lui refuse tout net
1. Voir Gazette, 3e pér., t. XI, p. 237.
2. Edmond Taigny, Mélanges. Paris, Hachette, 1869, pp. 1 à 102.