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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Die (Drôme), La Bàtie-Montsaléon (Hautes-Alpes), Grenoble et
Vienne, Lyon, Besançon, Soissons ; on le trouve aussi en Flandre et
en Suisse. La Gaule du sud-ouest n’en présente qu’un exemple dou-
teux dans la Haute-Garonne, preuve que Marseille et la vallée du
Rhône ont joué, dans la diffusion de ces cultes, le rôle principal. Le
sistre égyptien figure sur des monuments funéraires en Lorraine.
Des statuettes égyptisantes ou égyptiennes ont été recueillies à Mar-
seille, à Narbonne, à Arles, à Clermont-Ferrand, au Mont-Uzore
(Loire), à Autun, à Nuits, à Beaune, à Dijon, à Cernay-les-Reims
(Marne), à Sedan, près de Morlaix, et à Corseul en Bretagne, sur
plusieurs points de la Suisse, dans les vallées du Rhin et de la
Moselle (l’Alsace, Trêves, Mayence, Heddernheim près Wiesbaden,
Bingen, Cologne), enfin en Belgique et en Hollande. La popularité
du culte de Sérapis en Gaule est attestée par la légende Sarapidi
Comiti Augusti que portent plusieurs monnaies de Postume. En Ger-
manie, chez les Suèves, une déesse locale avait été identifiée à Isis
dès le ier siècle 1 ; il en fut de même dans le Norique2. La réparti-
tion géographique des monuments alexandrins en Gaule ne permet
pas d’en attribuer la diffusion aux légionnaires, qui n’ont guère
répandu que les cultes syriens; ils ont été portés là par le commerce
qui, partant de Marseille ou de Narbonne, passait de la vallée du
Rhône dans celles du Rhin, de la Meuse, de la Moselle, jusque dans
celles de l’Oise et de la Seine. On a trouvé à Clermont, dans l’Oise,
l’épitaphe d’un Alexandrin, sans doute un marchand ambulant qui
fréquentait ce pays 3.
En dehors des figures proprement égyptiennes, qui ont été en
partie fabriquées sur place, on peut relever, dans la série des petits
bronzes et des terres-cuites de la Gaule, de nombreux motifs alexan-
drins. Il y a d’abord les images de nègres qui sont très fréquentes, et
dont l’origine alexandrine est parfaitement attestée, puisque Ton a
découvert, à Alexandrie même, une réplique des statuettes de nègre
trouvées en Gaule à Chalon-sur-Saône et à Reims 4. On peut ensuite
citer les Pygmées et les lutteurs arabes, représentés souvent tant en
ronde-bosse qu’en relief. On possède au Louvre un beau vase décou -
L Tacite, Germanie, c. IX.
2. Corpus inscriptionum latinarum, t. III, nos 480G à 4810.
o. Bulletin de la Société des Antiquaires, 1861, t. XXVI, p. 86.
4. Athenische Mittheilungen, t. X, pl. XII. La figurine de Reims est encore
inédite ; nous la reproduisons d’après un dessin de M. Duvillard. Celle de Chalon-
sur-Saône a été publiée dans les Monuments de l’art antique d’O. Rayet.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Die (Drôme), La Bàtie-Montsaléon (Hautes-Alpes), Grenoble et
Vienne, Lyon, Besançon, Soissons ; on le trouve aussi en Flandre et
en Suisse. La Gaule du sud-ouest n’en présente qu’un exemple dou-
teux dans la Haute-Garonne, preuve que Marseille et la vallée du
Rhône ont joué, dans la diffusion de ces cultes, le rôle principal. Le
sistre égyptien figure sur des monuments funéraires en Lorraine.
Des statuettes égyptisantes ou égyptiennes ont été recueillies à Mar-
seille, à Narbonne, à Arles, à Clermont-Ferrand, au Mont-Uzore
(Loire), à Autun, à Nuits, à Beaune, à Dijon, à Cernay-les-Reims
(Marne), à Sedan, près de Morlaix, et à Corseul en Bretagne, sur
plusieurs points de la Suisse, dans les vallées du Rhin et de la
Moselle (l’Alsace, Trêves, Mayence, Heddernheim près Wiesbaden,
Bingen, Cologne), enfin en Belgique et en Hollande. La popularité
du culte de Sérapis en Gaule est attestée par la légende Sarapidi
Comiti Augusti que portent plusieurs monnaies de Postume. En Ger-
manie, chez les Suèves, une déesse locale avait été identifiée à Isis
dès le ier siècle 1 ; il en fut de même dans le Norique2. La réparti-
tion géographique des monuments alexandrins en Gaule ne permet
pas d’en attribuer la diffusion aux légionnaires, qui n’ont guère
répandu que les cultes syriens; ils ont été portés là par le commerce
qui, partant de Marseille ou de Narbonne, passait de la vallée du
Rhône dans celles du Rhin, de la Meuse, de la Moselle, jusque dans
celles de l’Oise et de la Seine. On a trouvé à Clermont, dans l’Oise,
l’épitaphe d’un Alexandrin, sans doute un marchand ambulant qui
fréquentait ce pays 3.
En dehors des figures proprement égyptiennes, qui ont été en
partie fabriquées sur place, on peut relever, dans la série des petits
bronzes et des terres-cuites de la Gaule, de nombreux motifs alexan-
drins. Il y a d’abord les images de nègres qui sont très fréquentes, et
dont l’origine alexandrine est parfaitement attestée, puisque Ton a
découvert, à Alexandrie même, une réplique des statuettes de nègre
trouvées en Gaule à Chalon-sur-Saône et à Reims 4. On peut ensuite
citer les Pygmées et les lutteurs arabes, représentés souvent tant en
ronde-bosse qu’en relief. On possède au Louvre un beau vase décou -
L Tacite, Germanie, c. IX.
2. Corpus inscriptionum latinarum, t. III, nos 480G à 4810.
o. Bulletin de la Société des Antiquaires, 1861, t. XXVI, p. 86.
4. Athenische Mittheilungen, t. X, pl. XII. La figurine de Reims est encore
inédite ; nous la reproduisons d’après un dessin de M. Duvillard. Celle de Chalon-
sur-Saône a été publiée dans les Monuments de l’art antique d’O. Rayet.