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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
économiques des vases en métal. On y découvre, et Ton ne découvre
que là, des vases à couverte noire brillante sur laquelle ont été
tracés au pinceau des ornements et des inscriptions en blanc. Il est
impossible d’établir un lien entre cette fabrication et celle des vases
peints de style grec ou même apulien; tout au plus pourrait-on
rapprocher des vases des pays rhénans les rares spécimens avec
inscriptions latines, contemporains de la seconde guerre punique,
qui ont été découverts dans l’Etrurie méridionale h Mais ces derniers
sont peu nombreux et tout semble prouver qu’ils sont sortis d’un
seul atelier dont le patron n’a pas trouvé de successeur. L’intervalle
de deux siècles qui sépare ces poteries noires à rehauts blancs de
celles de la Gaule orientale ne permet pas de songer à une influence
directe de l'Italie. Mieux vaudrait admettre un développement indi-
gène de la céramique noire, souvent rehaussée de couleurs, que l’on
trouve dans les tombes de la Champagne. Si nous en parlons ici, c’est pour
écarter une hypothèse récemment émise par M. Loeschcke1 2, d’après
lequel la poterie rhénane témoignerait d’un courant hellénique
ayant remonté de Marseille vers la Germanie et le Belgium. Dans
l’état actuel de nos connaissances, toute supposition de ce genre est
condamnée par la chronologie.
IX
Lorsqu’on étudie l’ensemble des œuvres gallo-romaines, —
abstraction faite de celles de la Gaule narbonnaise, qui se rattachent
plus étroitement à l’Italie, — on est frappé, en particulier dans les
bas-reliefs funéraires, de leur caractère réaliste, de la préférence
des artistes pour les portraits, pour les scènes de la vie familière, du
commerce, de l’industrie, à l’exclusion des scènes mythologiques et
symboliques, qui ne se rencontrent qu’à titre exceptionnel. Cela est
surtout sensible dans le Belgium, dans les vallées de la Moselle et
de la Meuse. Des sculptures comme celles des monuments d'Igel,
d’Arlon et de Neumagen ont paru attester à MM. Hettner et Mommsen
l’originalité de l’art gallo-romain dans cette région; mais il faut
ajouter que les bas-reliefs du centre de la France et de l’Aquitaine
présentent, en général, les mêmes caractères. Le peu d’intérêt que
1. Gazette des Beaux-Arts, 1886, il, p. 244.
2. Berliner Philologisclie Wochenschrift, 1893, p. 283.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
économiques des vases en métal. On y découvre, et Ton ne découvre
que là, des vases à couverte noire brillante sur laquelle ont été
tracés au pinceau des ornements et des inscriptions en blanc. Il est
impossible d’établir un lien entre cette fabrication et celle des vases
peints de style grec ou même apulien; tout au plus pourrait-on
rapprocher des vases des pays rhénans les rares spécimens avec
inscriptions latines, contemporains de la seconde guerre punique,
qui ont été découverts dans l’Etrurie méridionale h Mais ces derniers
sont peu nombreux et tout semble prouver qu’ils sont sortis d’un
seul atelier dont le patron n’a pas trouvé de successeur. L’intervalle
de deux siècles qui sépare ces poteries noires à rehauts blancs de
celles de la Gaule orientale ne permet pas de songer à une influence
directe de l'Italie. Mieux vaudrait admettre un développement indi-
gène de la céramique noire, souvent rehaussée de couleurs, que l’on
trouve dans les tombes de la Champagne. Si nous en parlons ici, c’est pour
écarter une hypothèse récemment émise par M. Loeschcke1 2, d’après
lequel la poterie rhénane témoignerait d’un courant hellénique
ayant remonté de Marseille vers la Germanie et le Belgium. Dans
l’état actuel de nos connaissances, toute supposition de ce genre est
condamnée par la chronologie.
IX
Lorsqu’on étudie l’ensemble des œuvres gallo-romaines, —
abstraction faite de celles de la Gaule narbonnaise, qui se rattachent
plus étroitement à l’Italie, — on est frappé, en particulier dans les
bas-reliefs funéraires, de leur caractère réaliste, de la préférence
des artistes pour les portraits, pour les scènes de la vie familière, du
commerce, de l’industrie, à l’exclusion des scènes mythologiques et
symboliques, qui ne se rencontrent qu’à titre exceptionnel. Cela est
surtout sensible dans le Belgium, dans les vallées de la Moselle et
de la Meuse. Des sculptures comme celles des monuments d'Igel,
d’Arlon et de Neumagen ont paru attester à MM. Hettner et Mommsen
l’originalité de l’art gallo-romain dans cette région; mais il faut
ajouter que les bas-reliefs du centre de la France et de l’Aquitaine
présentent, en général, les mêmes caractères. Le peu d’intérêt que
1. Gazette des Beaux-Arts, 1886, il, p. 244.
2. Berliner Philologisclie Wochenschrift, 1893, p. 283.