Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Masson, Frédéric: L' image vraie de Napoléon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0104

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’adulation ou la haine, reproduits par tous les procédés, déformés
par la reproduction même, par la manie d’enjolivement que les uns
y ont portée, par l’idéal artistique cristallisé sur la rétine des autres,
comment démêler ceux qui, le plus fidèlement, peuvent nous procu-
rer l’impression qu’éprouvaient les contemporains en présence de
Napoléon, général, consul, empereur?

Pour y parvenir, il faut retrouver les effigies qui ont été prises
d’après nature et qui sont demeurées sincères et sans flatterie. En
en suivant la filière, on prendra quelque idée de la physionomie que
dut présenter Napoléon aux différents âges de sa vie, et des modifi-
cations que le temps, la santé, même les événements, apportèrent à
l’expression de son visage.

Point de portrait connu de Bonaparte avant la campagne d’Italie.
Le portrait qu’on prétend avoir été peint par Greuze en 1789 et qui
fut acheté par le comte de Las-Cases, est une supercherie à laquelle
nul n’aurait dû se laisser prendre. Les cheveux courts et sans poudre
suffiraient à la dénoncer, aussi bien que l’étrange fantaisie de l’uni-
forme, même si l’on ignorait que, en 1789, sur sa maigre solde de
lieutenant, Bonaparte avait mieux à faire que de payer un portrait
de Greuze : il fallait vivre. Le Consulat arrivé, Greuze ayant reçu
diverses commandes de portraits du Consul, ayant obtenu des
acomptes et en sollicitant de nouveaux (lettre à Champagny du
19 \Tentôse an XII), dut imaginer qu’il se mettrait bien en cour s'il se
donnait comme ayant connu Napoléon dans sa jeunesse et comme
l’ayant peint, probablement gratis. Il imagina donc ce portrait où
tout est faux à crier et qui n’a pas plus de valeur documentaire qu’il
n’a de valeur artistique.

A défaut de Greuze, d’autres artistes ont-ils, avant 1796, dessiné
ou peint la figure de Bonaparte? Il existe, paraît-il, dans un départe-
ment voisin de Paris, chez les descendants d’un des condisciples de
Bonaparte, un dessin qui le représente, et qui a été exécuté à Brienne
d’après nature, par un professeur de l’École, frappé de l’énergie
et de l’étrangeté de la physionomie de Napoléon. Ce portrait, dont on
n’a pu jusqu’ici obtenir même la vue, est, s’il est authentique, le pre-
mier document graphique sur Bonaparte.

Le second, dont l’existence est attestée par Bonaparte lui-même,
est le portrait, sans doute peint en miniature, qu’il annonçait à son
 
Annotationen