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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 2
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Masson, Frédéric: L' image vraie de Napoléon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0120

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

peintres, écrit Duroc le 15 septembre 1807, de faire des figures
plutôt gracieuses »; le 1er octobre : « Recommandez aux peintres de
s’attacher moins à la parfaite ressemblance qu’à donner le beau idéal
en conservant quelques traits et en faisant un portrait plutôt
agréable »; le 22 octobre : « Je vous renvoie, monsieur, le portrait
de Sa Majesté, la figure n’a pas assez de noblesse : enfin, dans celui-
là comme dans tous les autres, le peintre cherche à attrapper une
ressemblance qu’il ne peut pas attraper et cela le conduit à faire
d’autres fautes ». Les exemples pourraient être multipliés à l’infini :
ceux-ci, pris en deux mois, suffisent.

On ne saurait donc retrouver une physionomie vraie de l’Empe-
reur ni dans les tableaux de David, de Gros, de Gérard, de Robert
Lefèvre, d’Appiani, de Muneret, ni dans les miniatures d’Isabey, de
ses collaborateurs et de ses émules. C’est ailleurs qu’il convient delà
chercher et c’est sur des croquis surpris en quelque sorte par des
peintres français ou étrangers qu’on peut suivre la transformation
graduelle qu’elle subit par le fait de l'àge et l’évolution de la santé.

Comme celui de ses neveux, notre contemporain, dont le tempé-
rament physique s’est rapproché le plus du sien, l’Empereur, aux
environs de la quarantaine, a subi une crise singulière d’engraisse-
ment que rien jusque-là ne faisait prévoir. Sans doute, cette phase
s’est présentée plus tôt chez le prince Napoléon : cela a tenu à la
maladie que l'Empereur avait eue depuis Toulon et qui persista jus-
qu'à la fin du Consulat, à la vie brûlée qu’il avait menée en Italie et
en Egypte, à l’activité cérébrale qu’il avait déployée pendant le Con-
sulat, surtout et uniquement à la santé. L’effet avait été retardé,
mais la cause demeurait identique, et, à partir de 1807, c’est-à-dire
quand le tempérament se fut rassis, Napoléon enforcit d une façon
surprenante. On peut fixer cette date, car Dâhling, qui a vu l’Empe-
reur à Berlin, et qui, en un portrait en couleurs d’une valeur singu-
lière, a fixé ses traits, et d’autres artistes qui l’ont dessiné à Potsdam
et à Varsovie ne le montrent encore, en 1806 et au début de 1807, que
bien portant et sans graisse inutile. Sans doute, la face s’est déjà
élargie, les joues se sont empâtées, mais rien encore qui soit en
excès; tandis que, dès Tilsitt, le visage, sous l’action de la graisse
envahissante, change de caractère et, dès lors, jusqu’en 1812, avec des
ralentissements sans doute aux périodes où l’Empereur donne à son
corps un exercice extraordinaire, mais avec une progression continue,

1 Empereur grossit et surtout sa face s’arrondit.

Des estampes pour la plupart anonymes, généralement publiées à
 
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