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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 2
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Masson, Frédéric: L' image vraie de Napoléon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0123

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116

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

est plus dégarni. D'un de ces dessins, à la vérité, on ne connaît que
la gravure faite en Angleterre par Maile et publiée par Jones, mais,
grâce à l’extrême obligeance de M. le comte Antoine d’Hunolstein, on
peut donner ici une reproduction directe du second dessin, la plus in-
téressante et la plus curieuse représentation qu’on ait de l’Empereur.

Les deux dessins de Girodet sont de la même année, presque du
même mois. Le premier, celui gravé en Angleterre, a été fait à la
chapelle des Tuileries le 8 mars 1812. Le second, celui qui appar-
tient à M. d’Hunolstein, a été exécuté le 13 avril 1812 à Saint-Cloud,
pendant le spectacle. Les comédiens ordinaires de Sa Majesté :
Fleury, Armand, Michot, Mmes Yolnais et Mars jouaient Y Amant
Bourru, comédie en trois actes, en vers, de Monvel, que Napoléon
avait déjà vue le 3 août 1806 à Saint-Cloud et le 17 octobre 1810
à Fontainebleau. A la troisième fois, la pièce ne l’intéressa guère,
car il s’endormit et Girodet en profita. Voilà donc le premier
portrait authentique que l’on connaisse de Napoléon dormant,
c’est-à-dire avec les traits entièrement au repos. Il s’éveille brus-
quement, regarde autour de lui si on l’a vu dormir, — c’est le
second croquis. — Puis s’efforçant de sourire, il fixe ses yeux sur la
scène, — c’est le troisième dessin. — Le sourire de Napoléon, ce
sourire irrésistible, disent les contemporains, ce sourire qui éclaire
et qui pare sa physionomie tout entière, nul peintre, nul sculpteur,
n’avait jamais tenté de le rendre, et pour la première fois il appa-
raît. A le définir par des écritures il faut renoncer. On a ici ce
sourire même, avec son charme, sa grâce, l’éclair de ces yeux
profonds; et ce sourire a été surpris et immortalisé par un artiste
qui, cette fois du moins, a été grand. Mais en un autre point ces
trois dessins de Girodet sont révélateurs : pour la forme que le
visage a prise ils confirment entièrement les deux dessins de 1811 :
ils le montrent tout à fait rond, exactement semblable à celui que
Gérard et Isabey, en divers portraits, donnent au Roi de Rome;
on comprend alors le but poursuivi par ceux qui n’ont pas, comme
Prudhon, suivi la nature, mais, en peintres officiels, formulé le Napo-
léonide; — et en cette figure du fils, c’est le père qu’il faut chercher.

Comme note prise sur nature, deux années plus tard, en 1814,
durant le séjour à J’ile d’Elbe, on peut relever le croquis d’Hubert,
un des valets de chambre de toilette. C’est un profil d’un dessin très
médiocre, mais qui montre comme la guerre de France a maigri
l’Empereur. Sans doute, le profil ne s’est jamais empâté et arrondi
comme la face; le dessin de Girodet du 8 mars 1812, le démontre;
 
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