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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 2
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Masson, Frédéric: L' image vraie de Napoléon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0125

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118

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des deux initiales J. B. il est impossible de méconnaître les traits
de Napoléon et même son attitude de corps. Il a été exécuté en 1817,
c’est-à-dire lorsque le captif conservait une apparence de santé.
Trois ans plus tard, à la fin de 1820, un passant prend un autre
croquis où la tète ressemble étrangement aux caricatures qu'on
répandait ces dernières années contre le prince Napoléon. Le bec
d’aigle s’est accusé, le menton s’est retroussé : le corps, par cette
inaction forcée et cette claustration volontaire, a encore grossi,
le ventre s’est ballonné sur les jambes maigres.

La fin, la délivrance approche : et voici, d’après Napoléon mort,
toute une suite de dessins du plus vif intérêt : c’est d’abord un cro-
quis pris, paraît-il, par ordre du grand-maréchal Bertrand, mais
dont on ne connaît jusqu’ici que l’arrangement fait en France posté-
rieurement par Mme Jacotot. C’est le modèle le plus ordinairement
reproduit en gravure, en lithographie, en peinture, même en bas-
relief. Ces reproductions ont déformé les traits et on ne saurait rien
en déduire. D’une tout autre valeur sont le dessin pris par le capi-
taine Marryat, une heure après la mort, le croquis fait par le doc-
teur Arnott, chirurgien au 20e régiment, avant que le masque n'ait
été moulé par Antommarchi, et enfin la silhouette crayonnée par
William Crockatt quatorze heures après la mort. De celle-ci, la gra-
vure au pointillé plus reproduisible que le crayon même, un peu
effacé, donne — on peut le garantir — une impression très fidèle.
La main qui a tracé cette image est inhabile, mais peut-être trouvera-
t-on en cette tête morte quelque chose qui n’est point dans le masque
d’Antommarchi. Avant que la mort eût fait complètement son
œuvre, la tête de l’Empereur, émaciée par le long martyre, sembla,
dit Marchand, la tète même du Consul, et, un temps, elle resta ainsi
merveilleusement belle, plus fine, plus mince, plus légère — plus
espérante que possédante, — telle que la France l’avait vue après la
journée de Brumaire, au temps où, dans l’ascension de sa gloire,
Bonaparte incarnait tout l’avenir de la patrie : et c’est quelque
chose de cela, qui est dans ces dessins d’officiers anglais.

FRÉDÉRIC MASSON.

offerte par M. Henry Irving au mess de l’académie militaire des États-Unis a \\ est-
Hoint. Il est à supposer que cette aquarelle est plutôt une sorte de gravure en cou-
leurs. On connaît d’ailleurs de ce type au moins trois estampes différentes qui
toutes sont des interprétations du dessin signé J. B.
 
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