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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 2
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0149

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LA RENAISSANCE DES EMAUX PEINTS.

14 J

Commune, et de même que Grandhomme s’était réfugié à Épernay,
Garnier s’en alla à Limoges. Il fallait manger : comment? que faire?
— Il chercha de l’ouvrage, un porcelainier l’accueillit. Jamais
Garnier n’avait étudié la céramique, mais il modelait, il avait fait
pour la gravure de fins bas-reliefs, il avait le souvenir des émaux à
pâtes rapportées qu’il avait vus exposés en 1867 par la Manufacture
de Sèvres; — il s’offrit à en faire et s’en fut à la Bibliothèque
de l’Ecole de céramique chercher des modèles et des idées. — C’est
là, coïncidence nouvelle de son aventure et de celle de Grandhomme,
qu’il trouva et qu’il lut Y Émail des peintres, de Popelin, et que la
pensée de s’adonner à cet art se développa en lui.

Personne à Limoges, l’antique ville des émailleurs, n’était capable
de le conseiller ou de l’instruire, et force lui fut de faire, pour son
patron, des petits sujets modelés sur porcelaine à la façon de Solon et
de Froment. Il s’en tira tant bien que mal. Quand Paris fut ouvert,
Garnier quitta Limoges et revint à l’École des Beaux-Arts, mais non
plus dans l'atelier de gravure : il entra dans la classe de Cabanel et
se mit à peindre des portraits et des tableaux de genre pour vivre. —
Il vivait assez mal, mais il avait des amis et parmi eux Raphaël Colin.

•— Celui-ci avait vu les essais de pâte rapportée, que Garnier avait
faits à Limoges, il savait et partageait sa passion pour l’émail :
c’était un sujet de fréquentes causeries; Colin connaissait Grand-
homme, l’accord se fit bien vite entre les trois amis.

C’était en 1877. — Garnier demanda des leçons à Grandhomme,
celui-ci lui apprit tout ce qu’il savait, il ne lui cacha rien du métier,
il le présenta à AL Mollard, et l’élève fit de rapides progrès ; son amour
de l’émaillerie était servi par un instinct de cuisinier, par une atti-
rance du feu, de la moufle et de ses mystères; le graveur, le céra-
miste et le peintre se fondaient dans Pémailleur avec une volupté, une
passion qui lui firent tout abandonner pour cette forme nouvelle de
l’art. Garnier travailla dix ans pour Mollard, pour Tiffany, pour tous
ceux qui à Paris montent ou exportent des émaux peints. — Il n’y
trouva pas la fortune, mais il vécut et c’est quand le travail allait lui
manquer qu’il recueillit un petit héritage inespéré et devint proprié-
taire de la maison et du jardin de la rue Couesnon. C’est là qu’il a
bâti son atelier, un hangar avec un grand et un petit four, — un
beau jour pour peindre, — un réduit sombre, pour enfourner et faire
cette joyeuse besogne de la flamme, qui le réjouit et l’amuse.

Il vivait simplement mais n’avait plus rien à faire quand un
matin Grandhomme vint à lui. Grandhomme n’avait plus de four,
 
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