LA RENAISSANCE DES EMAUX PEINTS.
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Garnier et les décors des laques du Japon. C’est un point de départ
à noter.
Nombreux, très nombreux même, sont les peintres émailleursqu
nous voudrions nommer : Gobert et Mme Apoil parmi les aînés,
Béranger qui promettait beaucoup, Autran qui avait en 1889 un
charmant panneau limousin d'un aspect très moderne et Frédéric
de Courcy, à qui nous revenons pour finir.
C’est qu’il a souvent atteint aux meilleures expressions de l’émail,
en s’adressant dès le début à Gustave Moreau, en demandant depuis-
à Luc-Olivier Merson les compositions qu’il émaillait ensuite pour
la décoration des meubles, enfin en composant et en peignant pour
Notre-Dame-des-Champs les tableaux d’un chemin de croix.
Ce n’est pas la première fois qu’on donne à nos émailleurs ce
thème de décoration religieuse; l’église de la Trinité possède un
chemin de croix en émail de Limoges qu’a fait exécuter Poussielgue-
Rusand, et nous avons trouvé dans la cathédrale de Nancy des
émaux blancs et noirs qui font un singulier effet dans leurs cadres
de bronze doré aux ornements pompadour.
De ces trois tentatives, celle de Frédéric de Courcy est certaine-
ment la meilleure, mais nous voudrions qu’on osât revenir à la
tonalité plus claire des beaux émaux de Chartres, c’est ainsi qu’il
faudrait peindre en de plus larges proportions les.stations d’un che-
min de croix, qui s’harmoniseraient mieux avec les murs de pierre.
Est-ce d’ailleurs pour servir l'idée religieuse ou pour parer les
murs d’un salon que l’émail est appelé à renaître. La question m’a
été posée souvent et j’y dois répondre une fois de plus. L'émail est
un art précieux qui. par les œuvres d’autrefois, a pris dans les vitrines
des musées et dans les collections particulières une place privilégiée.
Il appartient aux artistes d’à présent de faire, pour nos musées
et pour notre vie intime, des compositions appropriées à l’émail,
qui ne le cèdent pas aux types anciens, mais il ne s’agit pas de copier
ce qui a été fait. Prenons, pour exemple, la série des métiers parisiens
inscrits par Galland dans les voussures de la Galerie des fêtes à
l’Hotel de Ville. Pourquoi ne copierait-on pas aujourd’hui en émail
ces ravissants dessins, comme Léonard copiait au xvie siècle les
douze mois, d’après Etienne Delaune : ils formeraient une suite au
moins aussi intéressante que celle du Louvre; ces panneaux encadrés
de nielles d’or tiendraient dans un musée un rang très enviable. Il
y a divers objets d’ameublement que l’émail enrichirait à propos,
mais ce qui me plairait surtout, ce serait qu’on se prit à refaire ce
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Garnier et les décors des laques du Japon. C’est un point de départ
à noter.
Nombreux, très nombreux même, sont les peintres émailleursqu
nous voudrions nommer : Gobert et Mme Apoil parmi les aînés,
Béranger qui promettait beaucoup, Autran qui avait en 1889 un
charmant panneau limousin d'un aspect très moderne et Frédéric
de Courcy, à qui nous revenons pour finir.
C’est qu’il a souvent atteint aux meilleures expressions de l’émail,
en s’adressant dès le début à Gustave Moreau, en demandant depuis-
à Luc-Olivier Merson les compositions qu’il émaillait ensuite pour
la décoration des meubles, enfin en composant et en peignant pour
Notre-Dame-des-Champs les tableaux d’un chemin de croix.
Ce n’est pas la première fois qu’on donne à nos émailleurs ce
thème de décoration religieuse; l’église de la Trinité possède un
chemin de croix en émail de Limoges qu’a fait exécuter Poussielgue-
Rusand, et nous avons trouvé dans la cathédrale de Nancy des
émaux blancs et noirs qui font un singulier effet dans leurs cadres
de bronze doré aux ornements pompadour.
De ces trois tentatives, celle de Frédéric de Courcy est certaine-
ment la meilleure, mais nous voudrions qu’on osât revenir à la
tonalité plus claire des beaux émaux de Chartres, c’est ainsi qu’il
faudrait peindre en de plus larges proportions les.stations d’un che-
min de croix, qui s’harmoniseraient mieux avec les murs de pierre.
Est-ce d’ailleurs pour servir l'idée religieuse ou pour parer les
murs d’un salon que l’émail est appelé à renaître. La question m’a
été posée souvent et j’y dois répondre une fois de plus. L'émail est
un art précieux qui. par les œuvres d’autrefois, a pris dans les vitrines
des musées et dans les collections particulières une place privilégiée.
Il appartient aux artistes d’à présent de faire, pour nos musées
et pour notre vie intime, des compositions appropriées à l’émail,
qui ne le cèdent pas aux types anciens, mais il ne s’agit pas de copier
ce qui a été fait. Prenons, pour exemple, la série des métiers parisiens
inscrits par Galland dans les voussures de la Galerie des fêtes à
l’Hotel de Ville. Pourquoi ne copierait-on pas aujourd’hui en émail
ces ravissants dessins, comme Léonard copiait au xvie siècle les
douze mois, d’après Etienne Delaune : ils formeraient une suite au
moins aussi intéressante que celle du Louvre; ces panneaux encadrés
de nielles d’or tiendraient dans un musée un rang très enviable. Il
y a divers objets d’ameublement que l’émail enrichirait à propos,
mais ce qui me plairait surtout, ce serait qu’on se prit à refaire ce