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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 2
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Hermant, Jacques-René: L' art décoratif à l'exposition de Chicago
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0165

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15G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

œuvres d’une grande habileté, comme les portraits de Rubens et du
Poussin, et la Cléopâtre, qui, à distance, pourraient être prises pour
des peintures.

En dehors de la section française, nous trouvons à Chicago d’im-
portantes expositions d’art décoratif dans les sections allemande et
autrichienne, parmi lesquelles la première est, sans contredit, celle
de la maison Armbruester frères, de Francfort-sur-le-Mein, dont les
grilles en fer forgé forment le principal motif de décoration de la
façade allemande. Ces pièces, d’une taille et d’une richesse exception-
nelles, rappellent à nos souvenirs quelques-unes des grilles éton-
nantes que contient la galerie d’art décoratif de Munich.

On semble s’être appliqué à y réunir toutes les difficultés d’exé-
cution. Mais, à la complication du dessin qui rend impossible la déli-
catesse et le fini, on reconnaît l’influence de ce faux style Louis XV
que l’on doit au roi Louis II de Bavière et qui semble être devenu
1 idéal du luxe dans tout l’empire.

En visitant la section allemande, on ne peut s’empêcher de ren-
dre hommage aux efforts immenses des industriels pour élever le
niveau artistique de leurs productions, et à ceux que le gouvernement
fait dans le même sens, notamment à la manufacture Nationale de
porcelaines de Berlin dont la fabrication, très en progrès, sait au-
iourd’hui vaincre des difficultés considérées comme insurmontables.

Mais on ne pourrait trop répéter que ces efforts sont en quelque
sorte paralysés par la nature même de la race allemande, à laquelle
manque le sentiment de la délicatesse et de la légèreté. Les superbes
modèles du siècle dernier, en passant par les mains des ouvriers
d’art allemands, s’empâtent et s’alourdissent ; faute de savoir trouver
la richesse dans la pureté et le fini, l’Allemagne en est encore à la
chercher dans la complication et la quantité. Même remarque à pro-
pos de l’Autriche, dans laquelle la plus importante exposition d’art
décoratif, celle de la maison Sândor Jâray, de Vienne, se compose
d’un salon ruisselant d’or exécuté pour Mme la Princesse de Metter-
nich, et qui est le comble du luxe criard.

La section anglaise au contraire, représentée seulement par quel-
ques maisons, nous montre combien l’art décoratif est en progrès
dans ce pays aristocratique où la répartition des fortunes et l’existence
d une noblesse puissamment riche et éclairée, présentent tous les
éléments voulus pour faciliter son développement.
 
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