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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 2
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Hermant, Jacques-René: L' art décoratif à l'exposition de Chicago
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0167

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158

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

raffiné. La douceur de leurs tonalités est exquise et s’approprie mer-
veilleusement aux transparences de teint et à la finesse des pâles
filles de ce pays du brouillard.

Quant à l’Amérique, l’impression qu’elle produit est toute parti-
culière. Au milieu d’une fabrication courante, à bon marché, d’objets
pratiques et usuels dans lesquels l’art décoratif n’a que faire, nous
voyons surgir quelques maisons d’une importance commerciale
considérable, qui se livrent à la production de pièces d’art.

Leurs compositions, quand elles renoncent à copier les modèles
européens, sont franchement originales, et l’on ne saurait se refuser
à reconnaître qu’elles ont, depuis l’Exposition de Philadelphie, fait
des progrès que nous connaissions, mais dont nous n’avions pu, en
1889, mesurer la portée.

La première de toutes, la maison Tiffany est connue du monde
entier. C’est en quelque sorte le magasin de nouveautés de l’Art
décoratif en Amérique.

Que l'on ne voie pas dans cette expression une intention mépri-
sante! Elle est loin de notre pensée; mais il n’y a guère d’autre mot
pour faire saisir à des Français l’importance de ces immenses maga-
sins où tout ce qui touche à la décoration est entassé, où tout ce qui
a un nom dans l’art décoratif est représenté, depuis la joaillerie et la
bijouterie jusqu’au bronze, à la porcelaine et à la verrerie.

Ce sont en outre de grands fabricants, et les deux branches les
plus importantes de leur industrie sont l’orfèvrerie et les produits
du verre. Tiffany fabricant de vitraux ! Nous voyons d’ici l’étonnement
de bien des personnes qui n’ont dans la mémoire que les essais timides
de services en argent que l’on vit un jour paraître à la vitrine d’un
magasin de l'avenue de l’Opéra.

Cela est pourtant ainsi, et nous avons vu à Chicago, dans leur
exposition qui est immense, une remarquable chapelle dont presque
tout l’effet est dû à l’usage des vitraux colorés, supérieurement
éclairés par l’électricité, de façon à faire valoir la richesse et l’infinie
variété de leurs nuances.

Quant à l’orfèvrerie, nous trouvons chez eux, à côté de ces modèles
d une forme indécise, surchargés de toutes sortes de feuillages et
d ornements dont l’exécution est souvent merveilleuse, mais la com-
position confuse, quelques pièces qui montrent victorieusement ce
que 1 on pourrait faire en prenant aux animaux ou à la plante les
éléments de la décoration et surtout de la forme.
 
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