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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Rembrandt fit l’acquisition du vivant même de Rubens. On n’en connaît actuelle-
ment que des copies, entre autres au Musée de Dresde, et M. Rooses a vainement
cherché l’original au cours de l’élaboration de son grand ouvrage sur l’œuvre de
Rubens. Il ne semble pas que la gravure ait jamais vu le jour.
Vorsterman ne resta pas longtemps le collaborateur de Rubens. Une brouille
survint et l’on n'ignore pas que le graveur prit vis-à-vis de son illustre patron une
attitude des plus agressives. Dans une lettre des plus intéressantes, appartenant
aux archives d’Anvers et adressée également à Pierre van Yeen, Rubens parle de
la folie de son graveur. 11 ne semble pas cependant que Vorsterman ait été à
proprement parler un aliéné. C’était plutôt un exalté, car on le voit, au moment de
sa rupture avec Rubens, aborder des travaux d’après d’autres artistes.
Rubens, après avoir obtenu ses privilèges en Hollande, adresse ses estampes à
van Veen et parle encore de ses démêlés avec son graveur. « On ne peut, dit-il,
s’entendre avec lui; il a des prétentions impossibles et soutient que c’est avant tout
son mérite qui fait la valeur de mes estampes. » Pour faire justice de pareille préten-
tion Rubens ajoute que les dessins d’après lesquels a travaillé Vorsterman sont
de beaucoup supérieurs à ses estampes.
De là résulte que ces dessins, actuellement exposés au Louvre, ne sont ni de
Rubens lui-même ni de son graveur. Je n’ai pour ma part aucun doute qu'ils ne
soient de van Dyck, lequel, nous le savons par Mariette et d’autres auteurs, lut
chargé par son maître, au début de leurs relations, de reproduire en dessins plusieurs
tableaux pour l’usage des graveurs.
On voit qu’en somme, rapprochée de ce que l’on savait des relations de Rubens
avec les graveurs, la correspondance nouvelle qui vient d’être mise au jour acquiert
une très haute valeur. Il n'a pas été possible de savoir, jusqu’ici, par quelle voie
M. van Imschoot était entré en possession de ce précieux ensemble, non plus à quel
moment en a été détachéelaprécieuse lettre acquise en 1877par les archives d’Anvers.
L’Académie royale de Belgique a reçu communication, dans sa dernière séance,
des pièces dont il s’agit et dont, au surplus, j’ai fait l’objet d’un complément à mon
volume sur Lucas Vorsterman, lequel précisément venait de sortir de presse au
moment de la trouvaille.
Une décision ministérielle vient de mettre fin à l'existence du Bulletin des com-
missions royales d'art et d’archéologie, organe officiel de la commission des monu-
ments historiques, et dans lequel s’était concentré, depuis trente ans, le fruit des
recherches de beaucoup d’archéologues étrangers à la commission. Cette collection
restera, je pense, une source très précieuse d’informations dans l’avenir, et l’on
peut sincèrement regretter sa disparition.
Il serait vivement à souhaiter que, sous la direction d’un comité d’hommes
compétents, l’important organe dont il s’agit pût poursuivre une carrière illustrée
par de très remarquables travaux.
HENRI IIY M ANS.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Rembrandt fit l’acquisition du vivant même de Rubens. On n’en connaît actuelle-
ment que des copies, entre autres au Musée de Dresde, et M. Rooses a vainement
cherché l’original au cours de l’élaboration de son grand ouvrage sur l’œuvre de
Rubens. Il ne semble pas que la gravure ait jamais vu le jour.
Vorsterman ne resta pas longtemps le collaborateur de Rubens. Une brouille
survint et l’on n'ignore pas que le graveur prit vis-à-vis de son illustre patron une
attitude des plus agressives. Dans une lettre des plus intéressantes, appartenant
aux archives d’Anvers et adressée également à Pierre van Yeen, Rubens parle de
la folie de son graveur. 11 ne semble pas cependant que Vorsterman ait été à
proprement parler un aliéné. C’était plutôt un exalté, car on le voit, au moment de
sa rupture avec Rubens, aborder des travaux d’après d’autres artistes.
Rubens, après avoir obtenu ses privilèges en Hollande, adresse ses estampes à
van Veen et parle encore de ses démêlés avec son graveur. « On ne peut, dit-il,
s’entendre avec lui; il a des prétentions impossibles et soutient que c’est avant tout
son mérite qui fait la valeur de mes estampes. » Pour faire justice de pareille préten-
tion Rubens ajoute que les dessins d’après lesquels a travaillé Vorsterman sont
de beaucoup supérieurs à ses estampes.
De là résulte que ces dessins, actuellement exposés au Louvre, ne sont ni de
Rubens lui-même ni de son graveur. Je n’ai pour ma part aucun doute qu'ils ne
soient de van Dyck, lequel, nous le savons par Mariette et d’autres auteurs, lut
chargé par son maître, au début de leurs relations, de reproduire en dessins plusieurs
tableaux pour l’usage des graveurs.
On voit qu’en somme, rapprochée de ce que l’on savait des relations de Rubens
avec les graveurs, la correspondance nouvelle qui vient d’être mise au jour acquiert
une très haute valeur. Il n'a pas été possible de savoir, jusqu’ici, par quelle voie
M. van Imschoot était entré en possession de ce précieux ensemble, non plus à quel
moment en a été détachéelaprécieuse lettre acquise en 1877par les archives d’Anvers.
L’Académie royale de Belgique a reçu communication, dans sa dernière séance,
des pièces dont il s’agit et dont, au surplus, j’ai fait l’objet d’un complément à mon
volume sur Lucas Vorsterman, lequel précisément venait de sortir de presse au
moment de la trouvaille.
Une décision ministérielle vient de mettre fin à l'existence du Bulletin des com-
missions royales d'art et d’archéologie, organe officiel de la commission des monu-
ments historiques, et dans lequel s’était concentré, depuis trente ans, le fruit des
recherches de beaucoup d’archéologues étrangers à la commission. Cette collection
restera, je pense, une source très précieuse d’informations dans l’avenir, et l’on
peut sincèrement regretter sa disparition.
Il serait vivement à souhaiter que, sous la direction d’un comité d’hommes
compétents, l’important organe dont il s’agit pût poursuivre une carrière illustrée
par de très remarquables travaux.
HENRI IIY M ANS.