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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 3
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, [8], Les écoles du nord - Rubens et le XVIIe siècle: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0195

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186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d'école, d’une de ses plus authentiques créations : le Mariage de sainte
Catherine, indiqué par Yélasquez comme étant de Van Dyck.

Pour autant que cela lui fût possible, Jordaens a voulu s’inspirer
ici du Titien. Sandrart affirme que, faute d’avoir pu chercher par delà
les Alpes le complément d’étude rêvé, le jeune peintre mit une
passion singulière à étudier les œuvres italiennes qu’il put voir sans
quitter son pays. Anvers possédait alors des galeries sérieuses, à
commencer par celle de Rubens. L’histoire garde les noms de Aran
Uffel, de Waverius et d’autres amateurs assez favorisés de la fortune
pour avoir pu se procurer de très remarquables échantillons du
Titien, de Paul Véronèse, etc.

Le Mariage de sainte Catherine caractérise donc une phase très inté-
ressante de la vie de son auteur. Le groupe de la madone et de l’enfant
Jésus procède en droite ligne de l’école de Venise. Pour la sainte
Catherine, le peintre a peu réussi dans sa recherche de l'idéal trans-
alpin. Il trouva par bonheur un modèle mieux fait pour l’inspirer
en la belle Catherine van Noort, laquelle n’occupe pas moins de
place dans son œuvre qu’Hélène Fourment dans celui de Rubens.

Le Portrait de famille n° 1410 nous les montre, au début de leur
félicité conjugale, réunis dans un jardin, elle assise, entourant du
bras sa fillette, lui debout, tenant le luth dont il achève de jouer, la
main sur le dossier de son siège, comme pour accueillir un visiteur
bienvenu. Jordaens et sa femme sont vêtus de noir. Du fond s’avance
une jeune bonne, coiffée d’un chapeau à larges bords, vêtue d’un
corsage rouge, et tenant devant elle un panier de raisins fraîchement
cueillis (et non sur la tête un panier d’œufs, comme l’écrit M. Clément
de Ris, sans doute suivi par Waagen qui répète cette erreur).

Sur le bord d’une belle fontaine de marbre est perché un ara au
brillant plumage, tandis que le chien, ce compagnon obligé des
réunions familiales de Jordaens, complète un ensemble où tout respire
le calme, l’aisance sans ostentation, l’ordre d’une maison bien réglée.

Qu'il s’agisse de la famille du peintre, personne n’en pourra douter
qui a pu voir son portrait de Florence et surtout celui de Cassel,où
Jordaens, très jeune encore, se montre charmant des accords de son
luth sa fiancée et ses sœurs, non loin du père Van Noort.

La date du portrait de Madrid est facile à préciser. La fille de
Jordaens a sept ans au plus. Elle a vu le jour en 1617. En 1625 naîtra
au peintre son second enfant, un fils. Catherine Van Noort est dans
la fleur de son opulente beauté.

Grand coloriste et peintre vigoureux, ce que nul n’ignore,
 
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