VITTORE PI SAN O.
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élancé contenant des branches d’olivier et dont les anses se com-
binent avec une ancre brisée et avec une ancre intacte.
A l’exemple des princes, les lettrés sollicitaient à l’envi Pisano de
reproduire leurs traits. La renommée qu’ils promettaient en compo-
sant leurs vers, ils l’attendaient eux-mêmes des œuvres du médail-
leur. Porcellio, dans un de ses poèmes, parle de sa propre médaille
comme d’une production de l'artiste véronais : « Quas inter vivet
Porcellii effig’ies. » Basinio mentionne aussi la sienne et celle de
Guarino h Aucune de ces trois médailles ne nous est parvenue. En se
remémorant une médaille à l’effigie de Guarino, peut-être Basinio
a-t-il confondu Pisano avec Matteo de’ Pasti qui exécuta d’après
Guarino une médaille encore existante. Quant à Tito Strozzi, quel-
ques auteurs ont cru que les deux plaquettes2 (l’une rectangulaire et
l’autre ovale) où l’on voit son image, étaient dues à Pisanello parce
qu’on lit dans l’élégie composée en l’honneur de l’artiste véronais
les deux vers suivants :
« Ast opéré insigni nostros cffîngere vultus
« Quocl cupis, haud parva est gralia habenda tibi. »
Cette attribution est absolument fausse. Tito Strozzi avait vingt-
neuf ans lorsque mourut Pisano. Or, les plaquettes nous montrent
un homme de cinquante à soixante ans. C’est, du reste, ce que le
poète lui-même semble avoir donné à entendre en omettant, quand il
remania son élégie, les deux vers dans lesquels il avait parlé d’une
médaille à faire.
Pendant un de ses séjours à Ferrare, Pisanello peignit un Saint-
Jérôme et en fit présent à Guarino, qui s’en montra aussi enthousiaste
que reconnaissant. Dans un autre tableau, il représenta la Crèche
avec l’enfant Jésus adoré par trois bergers en présence de la Vierge
et de saint Joseph, non loin du bœuf et de l’âne, tandis qu’un ange
planait dans les airs. Ce tableau, que la collection Canonici possédait
au commencement du xvne siècle, a disparu avec elle. Mais les deux 1 2
1. Il y ajoute les médailles, aujourd’hui disparues aussi, de Girolamo (proba-
blement, selon M. G. Uzielli, Girolamo Tifernate ou de Castello, qui fut professeur
à Ferrare en 1454), Carlo Gonzaga, Aurispa et Paolo Toscanelli de Florence.
2. Elles sont reproduites dans le travail de M. Ileiss sur Pisanello, p. 42.
Nous-même, nous avons reproduit la plaquette rectangulaire et la médaille dans
les Notes d'cu t et d’archéologie de juin 1890 (Médaille représentant Tito Vespasiano
Strozzi).
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élancé contenant des branches d’olivier et dont les anses se com-
binent avec une ancre brisée et avec une ancre intacte.
A l’exemple des princes, les lettrés sollicitaient à l’envi Pisano de
reproduire leurs traits. La renommée qu’ils promettaient en compo-
sant leurs vers, ils l’attendaient eux-mêmes des œuvres du médail-
leur. Porcellio, dans un de ses poèmes, parle de sa propre médaille
comme d’une production de l'artiste véronais : « Quas inter vivet
Porcellii effig’ies. » Basinio mentionne aussi la sienne et celle de
Guarino h Aucune de ces trois médailles ne nous est parvenue. En se
remémorant une médaille à l’effigie de Guarino, peut-être Basinio
a-t-il confondu Pisano avec Matteo de’ Pasti qui exécuta d’après
Guarino une médaille encore existante. Quant à Tito Strozzi, quel-
ques auteurs ont cru que les deux plaquettes2 (l’une rectangulaire et
l’autre ovale) où l’on voit son image, étaient dues à Pisanello parce
qu’on lit dans l’élégie composée en l’honneur de l’artiste véronais
les deux vers suivants :
« Ast opéré insigni nostros cffîngere vultus
« Quocl cupis, haud parva est gralia habenda tibi. »
Cette attribution est absolument fausse. Tito Strozzi avait vingt-
neuf ans lorsque mourut Pisano. Or, les plaquettes nous montrent
un homme de cinquante à soixante ans. C’est, du reste, ce que le
poète lui-même semble avoir donné à entendre en omettant, quand il
remania son élégie, les deux vers dans lesquels il avait parlé d’une
médaille à faire.
Pendant un de ses séjours à Ferrare, Pisanello peignit un Saint-
Jérôme et en fit présent à Guarino, qui s’en montra aussi enthousiaste
que reconnaissant. Dans un autre tableau, il représenta la Crèche
avec l’enfant Jésus adoré par trois bergers en présence de la Vierge
et de saint Joseph, non loin du bœuf et de l’âne, tandis qu’un ange
planait dans les airs. Ce tableau, que la collection Canonici possédait
au commencement du xvne siècle, a disparu avec elle. Mais les deux 1 2
1. Il y ajoute les médailles, aujourd’hui disparues aussi, de Girolamo (proba-
blement, selon M. G. Uzielli, Girolamo Tifernate ou de Castello, qui fut professeur
à Ferrare en 1454), Carlo Gonzaga, Aurispa et Paolo Toscanelli de Florence.
2. Elles sont reproduites dans le travail de M. Ileiss sur Pisanello, p. 42.
Nous-même, nous avons reproduit la plaquette rectangulaire et la médaille dans
les Notes d'cu t et d’archéologie de juin 1890 (Médaille représentant Tito Vespasiano
Strozzi).