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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 3
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Gruyer, Gustave: Vittore Pisano, appelé aussi le Pisanello, 2
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212

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

peintures de Pisano dont se glorifiait la collection Costabili existent
encore. L’une d’elles appartient à la National-Gallery, l’autre au
Musée de Bergame.

Celle de la Galerie Nationale', qu’on peut regarder comme peinte
pour Lionel, représente, devant un bois, saint Antoine abbé, à gauche,
ainsi que saint Georges, un des patrons de Ferrare, à droite, tous
deux debout, se faisant face et se regardant, et dans le ciel, au centre
d’un disque lumineux environné de légers nuages, l’apparition de la
Vierge avec l’enfant Jésus entre ses bras. Saint Antoine, dont le
compagnon traditionnel a été remplacé par un sanglier étendu auprès
de lui et ne montrant que sa tète, tient de la main gauche une clochette
et de la main droite un bâton ; il a une très longue barbe, porte le
costume ordinaire des ermites, et son capuchon lui couvre la tète
jusqu’au bas du front. Son corps est un peu voûté. Malgré son grand
âge, ses regards ont une énergique vivacité. Il semble avoir toute la
rudesse d’un homme qui passe sa vie loin des hommes dans les âpres
solitudes du désert. C’est là une figure pleine de caractère et d’origi-
nalité, attachante par son austérité même, exécutée d’après quelque
moine contemporain du peintre. Le saint Georges, coiffé du chapeau
de paille florentin à larges bords, n’est pas non plus une figure idéale;
c’est le portrait de Lionel; on reconnaît le protecteur et l’ami de
Pisanello, moins encore à son profil qu’à ses cheveux courts, crépus
et frisés, et à la forme proéminente et si particulière de la partie
postérieure de son crâne. Il suffit de comparer avec le personnage du
tableau une des médailles de Lionel, en cachant le sommet de la tête,
pour être frappé de la ressemblance. Distingué dans sa pose, élégant
et fier dans son costume de chevalier, le Lionel du tableau a les
jambes, les épaules et les bras couverts d’une armure en argent, dorée
par places, sous laquelle apparaît un somptueux vêtement de cour, à
larges plis parallèles, avec deux bandes en forme de croix. Au pied
du saint, ou plutôt du jeune prince, gît le dragon aux ailes aiguës
qui vient d’être exterminé. A droite, derrière le héros, se trouvent
deux chevaux richement caparaçonnés, traités avec science, peints
avec amour, mais on n’en aperçoit que les tètes, le reste du corps demeu-
rant en dehors du tableau. Le maître n’eut-il pas écrit au bord du
panneau, entre les deux saints, « Pisanus pictor », en caractères assez
étranges, ces têtes de chevaux lui auraient tenu lieu de signature. Quand
on se met à considérerla Vierge et l’Enfant Jésus, I ’impression que l’on

L Ce panneau a 57 centimètres de haut sur 33 de large.
 
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