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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 11.1894

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Nr. 3
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, [4], La Révolution et l'Empire
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https://doi.org/10.11588/diglit.24664#0248

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238

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la veille et à faire table rase de leur pratique. Que sur une fantaisie
subite les gens convinssent d’aller en chemise par le froid, bon
nombre de réfractaires s’inscriraient à l’encontre. La Révolution
française, qui avait bousculé beaucoup d’usages brutalement, laissa
les artistes tranquilles; tout au plus la tendance populaire con-
tribua-t-elle à transformer les idées, mais assez lentement. Hall
s’était trop hâté de mourir, qui eût retrouvé un regain de succès
sous d’autres maîtres, de même Weiler et plusieurs autres dont la
tradition allait être reprise, continuée, et pour bien peu gardée
indemne.

Sans plus s’en douter Augustin s’inspira des vieux, et, comme je
le disais, ses réflexions paraissent s’être portées de préférence sur
leur façon d’appliquer leurs recettes. Il ne chercha ni à contrarier
leurs goûts, ni à les combattre. Entre Hall et lui, il n’y a même pas
cette nature invoquée, et que Hall a pour le moins interrogée et
comprise autant que lui-même. Tout au plus et sous la poussée des
événements politiques les modèles changent-ils, et encore de si peu!
lsabejr a peint en hâte les nobles partant pour l’émigration, mais
ces portraits de « consolation » ne sont point ceux dont les modèles
montrent le plus d’exigences. Les hommes de la Révolution sont
jeunes, plusieurs sont beaux, ils s’estiment mieux souvent ; d’où la
peine qu’on a de les contenter et de satisfaire l’opinion qu’ils ont
d’eux-mêmes.

Toutefois, ni Augustin ni Isabey ne sont en bonne posture pour
s’imposer dans les premiers temps de la République. A côté d'eux
divers ci-devant peintres royaux ont changé leur fusil d’épaule,
suivant le mot, lesquels possèdent plus de secrets et sont en meilleure
situation d’attirer la clientèle. Ce serait s’abuser étrangement que
de croire les révolutionnaires ennemis absolus et irréductibles des
fadaises passées. A tant faire que de livrer leurs traits aux admira-
tions futures, il ne leur déplaisait nullement que leur peintre s’ins-
pirât des mièvreries d’avant. De là le succès inattendu d’artistes
compromis et tout à coup inclinés au nouvel état, comme furent
Yestier, Dumont, Mme Yincent, Jean Guérin, Boze, ou MUe Capet,
celle-ci portant un nom malheureux entre tous, ceux-là ayant
miniaturé les tyrans déchus, et tolérés probablement pour cette
raison même.

Par eux le portrait-miniature se perpétua; on l'eût inventé s’il
n’eût été là bien à point pour contenter les nouveaux maîtres. Il le
fallait, parce que le portrait sur toile, œuvre de conséquence et de
 
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